« écorner », définition dans le dictionnaire Littré

écorner

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

écorner

(é-kor-né) v. a.
  • 1Rompre une corne à un animal. Écorner un taureau.

    Par exagération. Il fait un vent à écorner les bœufs, le vent est très violent.

  • 2 Par extension, casser un angle, une partie à un objet. Écorner une table, une pierre, un bastion. Lorsqu'un polype s'est collé à une roche, on ne peut l'en arracher sans écorner la roche même, Fénelon, t. XXI, p. 344. Qui peut se résoudre à passer un rocher sans l'écorner ? Rousseau, Ém. v.

    Écorner un livre, casser un des coins de la couverture.

  • 3 Fig. Écorner son bien, en vendre, en dissiper une partie. Écorner son revenu, dépenser une partie du capital.
  • 4 Terme militaire. Écorner un convoi, en surprendre une des extrémités. Le duc d'Hanovre essaya d'embarrasser Villars dans son retour, pour tâcher à l'écorner et à lui faire rendre gorge, Saint-Simon, 183, 199.
  • 5Dans le sens d'écornifler. De tous ceux que son crédit avait fait rétablir dans une partie de leurs biens, il avait écorné quelques petites choses, Hamilton, Gramm. 9.
  • 6S'écorner, v. réfl. Perdre une corne ou ses cornes. La vache s'est écornée en se battant dans la prairie.

    Fig. Son bien s'écorne tous les jours, le capital en diminue.

HISTORIQUE

XIIe s. Et nos fuions comme buef escorné, Bat. d'Aleschans, V. 6538.

XIIIe s. Amors m'a si escorné mon afaire Qu'amer [aimer] ne l'os…, Thibaut, Chansons, dans LACURNE.

XVe s. …D'appeller ses voisins, Ses oncles, parents et cousins, Pour sa povre femme escorner [prise en adultère], Et affin qu'ilz soient plus enclins De consentir la separer, Coquillart, p. 64, dans LACURNE.

XVIe s. Triboullet fut ung fol, de la teste escorné, Aussi saige à trente ans que le jour qu'il fut né, Marot, J. V, 155. Un jour je trouvai Panurge quelque peu escorné [confus] et taciturne, Rabelais, t. II, p. 166, dans LACURNE. Le baron, luy ayant escorné une partie de sa troupe, importuna tellement le reste qu'il y demeura quantité de bagage, D'Aubigné, Hist. III, 244. Les chevres escornées de nature ne sont tant sujetes à avorter que les cornues, De Serres, 329. Ce grand personnage, se voiant ainsi escorné [moque] par son client, Pasquier, Recherches, p. 749, dans LACURNE. Vous avez planté votre fantaisie sur certain monceau [d'argent], il n'est plus à vostre service, vous n'oseriez l'escorner, Montaigne, I, 316.

ÉTYMOLOGIE

É- pour es- préfixe, et corne ; Berry, écorner, écroner, étêter un arbre ; provenç. escornar ; ital. scornare.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ÉCORNER. - HIST.

XIIIe s. Ajoutez : … est ce noient De ta court, que soit mesdoutée ? Non, car ta court est escornée Du meilleur chevalier du monde, Méraugis, p. 56.