« épingle », définition dans le dictionnaire Littré

épingle

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

épingle

(é-pin-gl') s. f.
  • 1Petite pointe métallique en fil de laiton garnie d'une tête, dont on se sert généralement pour la toilette. La pointe d'une épingle. Un quarteron d'épingles. S'enfoncer une épingle dans le doigt.

    Mettre une épingle sur sa manche, afin de se souvenir de quelque chose.

    Fig. et familièrement. Tirer son épingle du jeu, se dégager adroitement ou sans perte d'une mauvaise affaire ; locution qui vient d'un jeu de petites filles : elles mettent des épingles dans un rond, et, avec une balle qui, lancée contre le mur, revient vers le rond, elles essayent d'en faire sortir les épingles ; quand on fait sortir la mise, on dit qu'on retire son épingle du jeu. Vous tirez sagement votre épingle du jeu, Molière, le Dép. I, 4. Je crois que le plus sûr est de ne me point mêler de tout cela et de tirer adroitement mon épingle du jeu, Dancourt, Chev. à la mode, IV, 7.

    Être tiré à quatre épingles, être très paré, très ajusté. Le tout soutenu d'une propreté tirée à quatre épingles, Marivaux, Paysan parvenu, part. 1.

    Discours tiré à quatre épingles, discours dont le style est affecté, sans naturel.

    Cela ne vaut pas une épingle, je n'en donnerais pas une épingle, je m'en soucie comme d'une épingle, j'en donnerais le choix pour une épingle ; toutes phrases qui se disent de choses qu'on regarde comme sans importance.

    On jetterait une épingle qu'elle ne tomberait pas à terre, se dit d'une foule très compacte.

    Fig. Coups d'épingles, petites offenses, petites contrariétés qu'on inflige à quelqu'un. J'aime à rêver, mais ne veux pas Qu'à coups d'épingle on me réveille, Delille, Convers. II.

    Conspiration de l'épingle noire, conspiration qui se forma sous la Restauration et dans laquelle les conjurés avaient pris pour signe de ralliement une épingle noire.

  • 2Épingle à cheveux, épingle qui autrefois était droite, et qui est maintenant à deux branches ondulées dans le milieu ; elle est noire et sert aux femmes à retenir leurs cheveux.
  • 3Bijou, en forme d'épingle, qui se fixe au linge sur la poitrine et sur la cravate. Épingle de diamant.
  • 4 Au plur. Don ou gratification qu'on accorde à une femme pour quelque service rendu. C'est pour les épingles des filles, se dit de ce qu'on ajoute, en payant une marchandise ou un ouvrage, au prix convenu.

    Don fait à une femme quand on conclut quelque marché avec son mari. Ce sont les épingles de madame. Ah ! que vous êtes adroit, monsieur Dubois ! vous prétendez que, pour mes épingles, je me contente de ce petit surplus, Dancourt, Femme d'intrigue, IV, 15.

    En quelques provinces, épingles se dit pour arrhes. En Bourgogne, quand on vend du vin, on demande des épingles.

  • 5 Terme de cuisine. Filet de glace qui se forme dans une crème ou dans une autre composition glacée.
  • 6Goutte de soudure qui perce dans l'intérieur du tuyau de plomb que l'on soude.
  • 7Petit morceau de bois fendu, pour attacher du linge ou des estampes sur une corde.

HISTORIQUE

XIIIe s. Que nul mestre ne mestresse ne puisse acheter fil cher pour fere espingles, se ce n'est à ceus du dit mestier, sus peine de l'amande, Liv. des mét. 364.

XVe s. Humbles furent, coies et simples, Ne sçurent que ce fut d'espingles, Ne d'orgueil ; car humilité Estoit en leur simplicité, Deschamps, Poésies mss. dans LACURNE. Un carteron de longues espingles à la façon d'Angleterre, De Laborde, Émaux, p. 302. Mme d'Estampes prend de pension, pour ses espingles, cinq cens livres, De Laborde, ib. p. 303. Et s'il chiet [tombe] à la dame une espille, il l'amassera, car elle se pourroit affoller ou blecer, Les quinze joyes du mariage, p. 21.

XVIe s. La moindre picqueure d'esplingue et passion de l'ame, Montaigne, I, 329. Mais, ne pouvant rien contre vent et marée, il tira son espingle du jeu, D'Aubigné, Hist. III, 334. Ung saphir encassé à jour, sur ung espingle d'or, garny de douze petites perles, De Laborde, Émaux, p. 303.

ÉTYMOLOGIE

Champ. éplingue ; picard, épieule, épiule ; génev. épingue ; bas-latin, spindula, spinula ; du latin spinula, petite épine, d'après Diez. Scheler conteste cette étymologie, n'admettant pas l'intercalation d'un g ; l'allemand Spange, agrafe, avec ses diminutifs dialectiques, spangel, spengel, spingel, lui paraissent expliquer plus naturellement la forme épingle. L'ancien français espille et le picard épieule représentent non spinula, mais spiculum.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ÉPINGLE. - HIST. XVIe s. Ajoutez : Le crieur est tenu avant la feste de monseigneur saint Jacques, d'aller par la ville, avec sa clochette et vestu de son corset, crier la confrerie ; item, doit à chasque pelerin et pelerine quatre epingles pour attacher les quatre cornets des mantelets des hommes et les chapeaux de fleurs des femmes, Règlement de la paroisse de Saint-Jacques de l'Hôpital de Paris, dans Courrier de Vaugelas, 1er janv. 1877, p. 116.