« évader », définition dans le dictionnaire Littré

évader

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

évader (s')

(é-va-dé) v. réfl.
  • 1S'échapper furtivement d'un lieu où l'on était retenu. Les prisonniers se sont évadés. Comme on ne le trouvait point, on croyait qu'il [Arétin] se fût évadé [hors de l'enfer], et on n'avait garde de s'imaginer qu'il était avec Auguste, Fontenelle, Jug. de Plut.

    Simplement, quitter un lieu sans être vu. Nous nous évadons sans être aperçus, et nous nous renfermons dans notre chambre, Rousseau, Émile, III.

    Fig. Je vois notre maison, et ma frayeur s'évade [s'en va], Molière, Amphit. I, 1.

    Absolument et avec ellipse du pronom personnel. Ce n'est pas mon dessein qu'on me fasse évader, Corneille, Polyeucte, IV, 1. Si je rentre chez moi, je ferai évader le drôle ; et quelque chose que je puisse voir, moi-même, de mon déshonneur, je n'en serai point cru à mon serment et l'on me dira que je rêve, Molière, Georg. Dand. Il, 8.

  • 2 Fig. Se tirer d'embarras par une échappatoire. Fourbe, tu crois par là peut-être t'évader, Molière, Amph. III, 5.
  • 3Il s'est employé comme verbe neutre, sans pronom personnel. Nous nous amusons trop, il est temps d'évader, Corneille, Illus. com. IV, 9. Comme après le coup fait vous étiez évadé, Th. Corneille, Galant doublé, I, 1. De quelque côté que vous vous tourniez, il ne vous reste plus aucune défaite, aucun subterfuge, ni aucun moyen d'évader, vous êtes pris et convaincu, Bossuet, 2e serm. pour le 1er dim. de l'avent, II.

SYNONYME

S'ÉVADER, S'ÉCHAPPER. S'échapper, c'est sortir de ce qui retient : le mercure s'échappe des doigts. S'évader ne se dit que de l'homme, ou de ce que l'on assimile à l'homme : Ce prisonnier s'est évadé ; mon moineau s'est évadé ou échappé de la cage.

HISTORIQUE

XIVe s. Ilz seront hors de foy, d'esperance et d'amour pour evader aux biens qui puent [peuvent] ensuire de la grace du Pere, du Fils et du Saint Esprit, Modus, f° LXIII, verso. Ainsi appert par ceste exemple que l'enfant, qui estoit jeune, sceut celer et taire et evada [trouva une évasion], Ménagier, I, 8.

XVe s. Lors suis-je esjoy de ton aise, et prens plaisir en ce que tu evades les miseres que je seuffre chacun jour, Chartier, le Curial.

XVIe s. Il ordonna à son frere, qu'il allast environner le palais du roy, pour garder que personne des serviteurs n'evadast, Amyot, Public. 7. Les subterfuges que cerchent ici les sorbonistes pour evader ne les dep eschent point, Calvin, Instit. 612.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. evazir ; du latin evadere, aller dehors, s'échapper, de e, et vadere, aller (voy. JE VAIS).