« assassin », définition dans le dictionnaire Littré

assassin

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

assassin [1]

(a-sa-sin) s. m.
  • Celui qui assassine. Un lâche assassin. L'assassin fut saisi, tenant encore son arme. Soyons des ennemis et non des assassins, Racine, Andr. IV, 3. Pour moi, mon ennemi, l'objet de ma colère, L'auteur de mes malheurs, l'assassin de mon père, Corneille, Cid, IV, 5.

    Par extension. Ce médecin est un assassin. Que dit-il quand il voit, avec la mort en trousse, Courir chez un malade un assassin en housse ? Boileau, Sat. VIII. Ton oncle, dis-tu, l'assassin M'a guéri d'une maladie ; La preuve qu'il ne fut jamais mon médecin, C'est que je suis encore en vie, Boileau, Épigr. Dans Florence jadis vivait un médecin, Savant hâbleur, dit-on, et célèbre assassin, Boileau, Art poét. IV. Vous êtes dans votre art [la cuisine] tous de francs assassins Produits par les en fers, payés des médecins, Regnard, Démoc. III, 7.

    Crier à l'assassin, appeler du secours ; crier pour qu'on coure sus à l'assassin.

    Au fém. Et vous en avez moins [de peine] à me croire assassine…, Corneille, Nicom. III, 8. Que dit-elle de moi, cette gente assassine ? Molière, l'Étour. I, 6.

    Autrefois et figurément, assassin, petite mouche noire que les femmes se mettaient au-dessous de l'œil.

REMARQUE

Le langage vulgaire se sert de assassineur et d'assassinateur ; ce sont des archaïsmes, il est vrai, mais que l'usage a tout à fait bannis ; et c'est une faute que de s'en servir.

SYNONYME

ASSASSIN, MEURTRIER, HOMICIDE. L'homicide est le terme le plus général ; il se dit de celui qui tue un homme, soit avec intention, soit par imprudence. L'assassin et le meurtrier ont l'intention de tuer, mais le premier dresse un guet-apens et attaque en trahison ; dans meurtrier l'idée de guet-apens, de trahison n'est pas impliquée.

HISTORIQUE

XIIIe s. Le Vieil de la montaigne savoit bien que, si il en feist un tuer [grand-maître des Templiers], l'en y remeist tantost un autre aussi bon ; et pour ce ne vouloit il pas perdre les assacis en lieu là où il ne peut riens gaainger, Joinville, p. 137, édition de MICHEL, 1858. Et pour ce ne font force li assacis d'eulx faire tuer, quand leur seigneur leur commande, pour ce que il croient que il seront assez plus aise quant il seront mors que il n'estoient devant, Joinville, ib. p. 139.

XVIe s. Ruynant les obscures forests, receptacles de briguans et meurtriers, taulpinieres d'assassinateurs, Rabelais, Pant. III, 2. Les hommes seront loupz es hommes, briguans, assassineurs, empoisonneurs, Rabelais, III, 3. Rompre sur la roue, comme trahistre et assassinateur, Carloix, VI, 17. Les faits d'armes des anciens et modernes assassins, autrement appellez Bedouins et Arsacides, qui ne craignoient d'aller tuer… ceux que leur prince imaginaire Aluadin, surnommé le vieil des six ou sept montagnes, leur commandoit, Sat. mén. p. 19. Meurtriers et assassinateurs, ib. p. 107.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. assassin, ansessi ; anc. catal. assessi ; espagn. asesino ; ital. assassino ; bas-lat. assasini, assessini, assisini, assassi, hassatuti, heissesin ; de l'arabe haschisch, nom de la poudre de feuilles de chanvre, avec laquelle on prépare le haschisché. Le Prince des assassins ou Scheik ou Vieux de la montagne faisait prendre du haschisch à certains hommes qu'on nommait feidawi ; ces hommes avaient des visions qui les transportaient et qu'on leur représentait comme un avant-goût du Paradis. A ce point, ils se trouvaient déterminés à tout faire, et le prince les employait à tuer des personnages ennemis. C'est ainsi qu'une plante enivrante a fini par donner son nom à l'assassinat.