« assaillir », définition dans le dictionnaire Littré

assaillir

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

assaillir

(a-sa-llir, ll mouillées, et non a-sayir), j'assaille, nous assaillons ; j'assaillis, nous assaillîmes ; j'assaillirai ; j'assaillirais ; assaille, assaillons ; que j'assaille, que nous assaillions ; que j'assaillisse, que nous assaillissions ; assaillant ; assailli v. a.
  • 1Se jeter sur pour attaquer. Assaillir les ennemis dans leurs retranchements. Si on avait assailli un Romain, on ne payait que la moitié de la composition, Montesquieu, Esp. XXVIII, 3. Un moine noir a par dévotion Saisi le tout quand j'assaillis Marthon, Voltaire, Ce qui pl. aux dames.
  • 2Fondre sur. L'orage nous assaillit au sortir de la ville. Pendant cela le mauvais temps l'assaille De toutes parts, La Fontaine, Orais.
  • 3 Fig. S'il ne se fût mis en tête d'assaillir son cœur, Hamilton, Gramm. 9. Toujours nous assaillons sa tête De quelque nouvelle tempête, Malherbe, II, 3. C'est le doute que j'ai qu'un malheur ne m'assaille, Malherbe, V, 4.

SYNONYME

ASSAILLIR, ATTAQUER. Assaillir, venant de salire, sauter, indique quelque chose de brusque et d'imprévu qui n'est pas dans attaquer.

HISTORIQUE

XIe s. Qui en alcun des chemins occit home qui seit errant per le païs, ou assalt…, L. de Guill. 30. Son corps [il] demene, mout fierement asalt, Ch. de Rol. LVI. Nous asaldrum Olivier et Rolant, ib. LXXIV.

XIIe s. Par tantes fois [j'] ai esté assailliz, Que je n'ai mais pouvoir de moi defendre, Couci, VI. Saisne assaillent la vile, li encrismé felon, Sax. VIII.

XIIIe s. Et l'empereres Alexis avoit apareillés grans gent pour assaillir aus trois portes ; comme il se ferroit en l'ost d'autre part, Villehardouin, LXXXI. Li pelerin ne vous assaudront mie, Villehardouin, XLVII. Et chascuns vessiaus assailloit endroit lui, Villehardouin, CIV. Adonc pristrent cil de l'ost conseil qu'il porroient faire, s'il assaudroient la vile ou par mer ou par terre, Villehardouin, LXXIII. Et li Venicien s'acorderent à ce qu'il asausissent par mer…, Villehardouin, LXXIII. De l'homme qui hui main ens au bois m'assailli, Berte, CXVIII. De mainte chose i fut Berte mout araisnie, Et souvent oposée [contredite] et souvent assaillie, ib. CXIX. Li Dieu cuideroient, espoir, Que j'assaillisse paradis Cum firent les geans jadis, la Rose, 5447. Cix qui, à tort et par malvese cause, les assaudront de plet [procès], Beaumanoir, 11. Noz volons retenir les biens, si que noz aions pooir de noz deffendre, s'on noz assaut, Beaumanoir, XII, 33. Et ses hons n'est pas tenus à li aidier à autrui assalir hors de ses fiés [fiefs], Beaumanoir, 50. Se aucuns assaut le [la] maison d'aucun, et se chius [celui] à cui l'assaus est fais, ochist l'asalant, en lui defendant, il n'est à nule amende, Tailliar, Recueil, p. 48.

XVe s. Venez avant, dist-il, plaisant Beaulté, Je vous requier que sur la loyauté Que me devez, le venez assaillir, Orléans, 1. Quant en mon lit doy reposer de nuit, Penser m'assault, et desir me guerrye, Orléans, Bal. 12. Qui eussent peu passer la riviere et assaillir les gens du roy, Commines, I, 9. Que ils assaillissent hardyement, car ledit duc assauldroit de son costé, Commines, II, 11. À l'aube du jour fut l'assault très bien assailly et très hardiement et encores mieulx deffendu, Commines, III, 10. Les Anglois demanderent, comme ilz ont acoustumé, la couronne, pour le moins Normandie et Guyenne, bien assailly, bien defendu, Commines, I, 8.

XVIe s. L'advantage que la nuict lui donnoit pour assaillir Darius, Montaigne, I, 29. Quand cette maladie m'assault mollement, elle me faict peur, Montaigne, IV, 273. Qu'un seul eschelle une forteresse, qu'il assaille une armée qu'il conquiere un royaume…, Montaigne, IV, 349. Si on ne les gourmande, si on n'assaut leurs vies, Lanoue, 247. Et s il y eut bien assailli, il y eut aussi bien defendu, Lanoue, 555.

ÉTYMOLOGIE

Norm. assauter ; picard, assalir ; bas-latin, assalire, dans la loi salique ; provenç. assalhir, assallir, assaillir ; espagn. asalir ; ital. assalire ; du latin assilire, de ad, à (voy. À), et salire, sauter (voy. SAILLIE). On conjuguait jadis ce verbe autrement : au présent, j'assaus, tu assaus, il assaut. Un jour, qui n'est pas loin, elle [l'Église] verra tombée La troupe qui l'assaut et la veut mettre à bas, Malherbe, Les larmes de S. P. Amour dedans le cœur m'assaut si vivement, Régnier, Élég. II. On disait au futur j'assaudrai ; et Ménage avertit de dire j'assaillirai, et non j'assaudray. Ce n'est pas une faute, mais un archaïsme. La conjugaison j'assaus, etc. est la conjugaison régulière, le latin sálio, sális, sálit donnant régulièrement je sal, tu sals, il salt ; d'où assaillir et sa conjugaison. C'est par une confusion de la conjugaison en ire et de la conjugaison en iscere que nous disons j'assaillis, conjuguant ce verbe comme fleurir. Palsgrave, p. 23, au XVIe siècle, dit qu'on prononce les deux s.