« assommer », définition dans le dictionnaire Littré

assommer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

assommer

(a-so-mé) v. a.
  • 1Tuer avec une masse ou avec quelque chose de lourd. Assommer un bœuf.
  • 2Battre avec excès. Les officiers turcs assommaient les chevaux et le postillon à coups de fouet, Chateaubriand, Itin. 56. Gardes, je défends qu'on l'assomme ; Vilain, dit-il, explique-toi, Béranger, Contr. de mariage.
  • 3 Fig. Incommoder, importuner, fatiguer. On nous assommait de questions. Notre maison de Paris m'assomme, Sévigné, 34. Ce saint homme, Qui m'assomme De latin, Hugo, Ball. 12. La formalité dont on assomme une ambassade, Voltaire, Ép. 26.
  • 4Affliger profondément. La mort de M. du Mans m'a assommée, Sévigné, 72. Je n'en puis revenir, et tout ceci m'assomme, Molière, Tart. IV, 6.
  • 5Confondre, réduire à quia. Vous nous assommez avec vos grands mots, Molière, Critique, 7. Il croyait m'assommer avec saint Augustin et les autres Pères, Rousseau, Conf. II.

HISTORIQUE

XIIe s. Si bruit li cox [coup] com foudre contre oré ; De trente maux [maillets] ne fust-il miex tué, Et li chevals par desoz asomé, Bat. d'Aleschans, 5775.

XIIIe s. Les mastins à un chesne [il] lie, De la maçue les asome, Ren. 17753. Puis la devisa par parties, Qui puis ne furent departies, Et tout par nombres asomma, Et set combien en la somme a, la Rose, 16955. Maint ymage ai fait et forgié Dont nus n'assommerait le pris [ferait la somme, calculerait], ib. 21101. Et li ribaut l'assommerent en tele maniere ; et quant il orent ce fet, il prisrent un baston de mellier [néflier], Beaumanoir, LXIX, 16. De Rome vient li max qui les vertus asome, Rutebeuf, 233.

XIVe s. Olivier de Clisson y fit bien sa journée, Tout ainsi com bouchier a sa beste assommée, Guesclin. 6131. Or m'i vaurrai prouver à tous les plus vaillans ; Se je ne les assomme, je ne vaus deus besans, Baud. de Seb. III, 611. Et Bauduins respont : se vostre main n'ostez, Je vous assommerai de mes deus poings quarrés, ib. VIII, 683.

XVe s. Uns compains estoit assommez [assoupi] Qui romfloit dessus une escame, Deschamps, le Dit du Jeu des dés. Après que les comptes furent tous assommez et rendus, Du Cange, assumere.

XVIe s. Eschylus assommé d'un toict de tortue…, Montaigne, I, 74. Des garsonnets que je voyois escorcher, assommer et meurtrir à quelque pere ou mere, Montaigne, III, 139. Ils vous assomment de l'auctorité de leur experience, Montaigne, IV, 47. Aucuns sont si endormis et assommés, qu'ils ne se peuvent aider, Paré, XXIV, 28.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. assomar, asomar ; anc. ital. assomare. Ce mot a eu différents sens. Dans l'historique, on le trouve avec la signification de faire une somme, et alors il vient de somme, réunion de plusieurs quantités ; on le trouve avec le sens d'assoupir, et alors il vient de somme, sommeil ; enfin on le trouve avec le sens de tuer avec quelque chose de lourd, de fatiguer, et alors il vient de somme, fardeau, comme dans bête de somme (voy. SOMME, fardeau).