« bannière », définition dans le dictionnaire Littré

bannière

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

bannière

(ba-niê-r') s. f.
  • 1Enseigne, étendard. Contre le croissant déployant leur bannière, Voltaire, Tancr. III, 4.

    La bannière de France, drapeau de nos anciens rois lorsqu'ils allaient à la guerre, et qui était parsemé de fleurs de lis.

  • 2 Fig. La Discorde… En tout lieu… déploya ses bannières, Boileau, Sat. XI.

    À bannière levée, avec une hostilité ouverte. Mme de Soubise fortifiait ainsi son crédit auprès de Mme de Maintenon, qu'autrement elle eût eue contre elle à bannière levée, Saint-Simon, 197, 108.

    Se ranger sous la bannière de quelqu'un, se ranger de son parti, agir dans le même esprit.

  • 3 Terme de marine. Pavillon qui indique la nation à laquelle appartient un bâtiment. On dit aujourd'hui pavillon. L'article 4e du traité de 1666 portant que les Français qui seront pris sous quelque bannière que ce soit, seront mis en liberté, je veux que vous insistiez contre la prétention que les corsaires [d'Alger] ont de faire esclaves ceux de mes sujets qu'ils trouveront sur les vaisseaux étrangers, Lettre de LOUIS XIV à Duquesne dans JAL.

    Bannière de partance, pavillon que l'on met à la poupe du vaisseau, pour faire signal à l'équipage qui est à terre de venir s'embarquer.

    Bannière de conseil, bannière blanche que l'amiral fait arborer en poupe, quand il veut prendre avis de capitaines.

  • 4Étendard que l'on porte aux processions, et qui sert à distinguer une paroisse ou une confrérie. Illustre porte-croix, par qui notre bannière N'a jamais en marchant fait un pas en arrière, Boileau, Lutr. V. Les processions se battaient les unes contre les autres pour l'honneur de leurs bannières, Voltaire, Louis XIV, 2.

    Fig. Aller au-devant de quelqu'un avec la croix et la bannière, avec un grand appareil. Il faut la croix et la bannière pour etc. il faut faire les plus grandes cérémonies pour…

  • 5Dans les temps féodaux, compagnie de vassaux que le seigneur faisait assembler pour servir le roi à la guerre.

    Chef de bannière, capitaine de quartier dans une ville.

  • 6 Terme de marine. Voile en bannière, voile dont les écoutes larguées ou cassées permettent que le vent l'enlève.
  • 7 Terme de blason. Armes en bannière, armes carrées, plus honorables qu'armes en écusson ou pointe.

    PROVERBE

    Cent ans bannière, cent ans civière ; c'est-à-dire la même famille qui portait il y a cent ans la bannière porte maintenant la civière, et réciproquement.

HISTORIQUE

XIIe s. Ot Baligans sa banere fermée, Ronc. p. 144. Jusqu'à Paris irons baniere desploïe, Sax. XXXII.

XIIIe s. Et quant il seroient tout apresté de combattre, si lairoient lor bannieres cheoir et se tenroient coi, Chron. de Rains, 23. Si trovons en nostre acordance, Que Faus-semblant et Astenance Avec tous ceus de lor baniere Assaudront la porte derriere, la Rose, 10757. Nous avions bien perdu trente cinq chevaliers touz baniere portans, de la cour de Champaingne, Joinville, 261. En ses banieres portoit les armes l'empereur qui l'avoit fait chevalier, Joinville, 221. Hugue de Trichastel, seigneur de Conflans, qui estoit avec moi à baniere, Joinville, 225. Un mien escuier qui s'en estoit fui à tout [avec] ma baniere et estoit revenu à moy, me bailla un mien roncin [cheval], sur quoy je monté, Joinville, 226.

XIVe s. Li pieton vont devant, les banieres au vent, Baud. de Seb. VI, 158.

XVe s. Adonc le sire de Beaumont monta sur un coursier et fit chevaucher sa banniere, Froissart, I, I, 103. Il envoya par le grand escuyer querir une banyere de trompette pour lui faire une cotte d'armes, Commines, IV, 7. Il vouloit que le roy fit hausser par tout la banniere du petit duc que le seigneur Ludovic tenoit entre ses mains, Commines, VIII, 4.

XVIe s. Ce tailleur avoit si bien accoutumé à faire la banniere [voler de l'étoffe], qu'il ne se pouvoit garder d'en faire de toutes sortes de drap, et de toutes couleurs, Despériers, Contes, XLVIII. Item de ceux qui pouvoient porter banniere (qui estoyent enseignes quarrées) et de ceux qui ne pouvoient porter que pennon, Lanoue, 227. Si le dit seigneur [amiral] veut que les nefs mectent les bateaulx en mer, mectra deux bandieres à pouppe, Ant. de Conflans, dans JAL.

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. banneire ; wallon banîre ; provenç. bandiera, baneira ; espagn. bandera ; portug. bandeira ; ital. bandiera ; du bas-lat. bandum, drapeau (voy. BANDE 1 et 2). L'allemand moderne Panier, bannière, a été pris du français, plusieurs mots français s'étant introduits en allemand dans le moyen âge par les versions de poëmes de chevalerie.