« bannir », définition dans le dictionnaire Littré

bannir

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bannir

(ba-nir) v. a.
  • 1Chasser d'un pays, exiler. Les Tarquins furent bannis. Un décret le bannissait de l'Italie.
  • 2Éloigner d'un lieu, éloigner de quelqu'un, exclure. Vous le bannissez de votre présence. Je le bannirai de ma maison. La fuite d'une cour que sa chute a bannie, Racine, Brit. II, 2. Seigneur, bannissez-le loin d'elle, Racine, ib. Je brûle, je l'adore, et loin de la bannir…, Racine, Mithr. IV, 5. Mais, seigneur, étant seuls, je parle avec franchise ; Bannissant les témoins, vous me l'avez permise, Corneille, Sertor. III, 2.
  • 3 Fig. Éloigner, supprimer, ôter. Bannir de son âme tout souci. Il a banni le souvenir de vos bienfaits. L'inquiétude bannissait le sommeil. La crainte bannit la pitié. Que par des lois si équitables le peuple bannirait pour toujours la pauvreté, la jalousie et la discorde, Vertot, Révol. rom. liv. III, p. 229. Mais bannissez, madame, une inutile crainte, Racine, Brit. II, 6. Mais il ne put sitôt en bannir la pensée, Racine, Esth. I, 1.
  • 4Se bannir, v. réfl. S'exiler. Il s'était banni de son pays. De l'univers entier je voudrais me bannir, Racine, Phèd. V, 7.

    S'éloigner de, ne pas fréquenter. Se bannir de la société, du monde.

HISTORIQUE

XIIe s. En sa grant ost fait banir [publier un ban] et crier, Ronc. p. 177. Et Sabine, à tousjours, de la terre est banie, Audefroi le Bastard, Romanc. p. 27. Encore aveit li reis comandé e bani Que, se en tute sa terre eüst clerc si hardi Qui à Rome apelast al lues le rei Henri, Sereient erranment tuit si chazel saisi, Th. le mart. 66.

XIIIe s. Cil qui sont bani sor la hart du roiaume, Beaumanoir, XII, 45. S'il est puis repris, il doit estre justiciés selonc le meffet par quoi il est banis, Beaumanoir, XXX, 13. Por ce qu'il est banis ou por guerre ou por poverte, Beaumanoir, XVIII, 14. Se li rois rapele aucun bani…, Beaumanoir, L, 4. Les noms de ceus que nous aviemes novielement banis de no vile, Bibl. des Chartes, 2e série, t. III, p. 423.

XIVe s. Assez [il] nous bannissoit de France le roion, Puisqu'il nous en voioit hors de la region, Guesclin. 17172. Laiens y ot pillars qui firent à blasmer ; Et maint bani aussi pooit-on là trouver, ib. 20383.

XVe s. Et avoient esté tous deux bannis et enchassés hors d'Angleterre avec la roine, Froissart, I, I, 28.

XVIe s. Celui qui se veut exempter de recevoir la cene comme indigne, se bannit de prier Dieu, Calvin, Instit. 195. Luy reprochant que pour argent il rappelloit beaucoup de bannis, Amyot, Thém. 41. Craignant qu'il ne fust banny du ban de l'ostracisme, Amyot, Péric. 11. Lycurgus bannit l'or et l'argent de Lacedaemone, Amyot, Caton et Arist. comp. 5. Comme si c'est un confinement où les ames fussent releguées et bannies, Amyot, De la tranq. d'âme. 39.

ÉTYMOLOGIE

Ban ; picard, bennir ; provenç. et espagn. bandir ; ital. bandire.