« bonnement », définition dans le dictionnaire Littré

bonnement

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

bonnement

(bo-ne-man) adv.
  • 1De bonne foi, naïvement, avec simplicité. Un honnête homme vous dit une chose bonnement et comme elle est, Sévigné, 86. Il nous en a toujours parlé tout bonnement, Sévigné, 576. Le roi causa une heure avec le bon homme d'Andilly aussi plaisamment, aussi bonnement, aussi agréablement qu'il est possible, Sévigné, 85. Il dit bonnement ce qu'il sentait dans le moment, Bossuet, Oraison, 8. On se pardonne bonnement tous ses défauts de société, Fléchier, Serm. I, 246. Il avait laissé bonnement à Londres la lettre de compliment, Hamilton, Gramm. 8. D'Anthouard nous assemble et nous dit de quoi il s'agissait [le vote pour faire Napoléon 1er empereur], mais bonnement, sans préambule ni péroraison, Courier, Lettr. I, 60.
  • 2Bien, vraiment. En ce sens il ne s'emploie qu'avec la négation. Je ne puis bonnement oublier cette offense. Lorsque je compare Les plaisirs de ce singe à ceux de cet avare, Je ne sais bonnement auquel donner le prix, La Fontaine, Fab. XII, 3.

HISTORIQUE

XIIe s. Ses mains [il] lui croise sur son piz bonement, Ronc. p. 102. Il s'agenoille soef et bonement, ib. p. 152. En vers le roi [elle] s'acline bonement, ib. p. 172.

XIIIe s. La dame [il] ot espousée, puis en fit ses delis ; Bonement sont ensemble come amie et amis, Audefroi le Bastard, Romancero, p. 35. Si me feront aïde, se Deu plait, bonement, Sax. XX.

XIVe s. Ignorance d'aucunes circonstances que l'en ne peut pas bonnement savoir, excuse et est appellée ignorance invincible, Oresme, Eth. 61.

XVe s. Une riviere forte et roide, pleine de cailloux et de grosses pierres, si qu'on ne la pust bonnement en haste passer sans grand meschef, Froissart, I, I, 41. Et si avoient les Escots leurs deux premieres batailles establies sur les deux croupes de montagnes, que l'on entend de la Roche, là où l'on ne peut bonnement monter, ni ramper pour eux assaillir, Froissart, I, I, 41.

XVIe s. La necessité des guerres porte à tous les coups de faire le gast, ce qui ne se peut faire bonnement en nos biens propres, Montaigne, I, 355. Il entreprit de faire une chose, laquelle n'estoit pas bonnement legitime ny totalement juste, Amyot, Philop. 27.

ÉTYMOLOGIE

Bonne, et le suffixe ment (voy. MENT) ; provenç. bonamen ; catal. bonament ; espagn. buenamente ; portug. boamente.