« bourgeois.2 », définition dans le dictionnaire Littré

bourgeois

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

bourgeois, oise [2]

(bour-joî, joî-z') adj.
  • 1Qui est de bourgeois. Caution bourgeoise, caution solvable et facile à discuter. Je veux caution bourgeoise qu'ils ne me feront point de mal, Molière, les Préc. 10.

    Comédie bourgeoise, représentation donnée par des personnes qui ne jouent la comédie que pour leur amusement.

    Maison bourgeoise, maison simple, bien tenue, mais sans luxe ; on l'emploie aussi par opposition à maison garnie, à hôtel.

    Habit bourgeois, par opposition aux différents costumes officiels. Comme il n'y avait pas de galons à sa livrée, cela faisait à peu près un habit bourgeois, Rousseau, Conf. II.

    Cuisine bourgeoise, cuisine bonne, mais sans apprêts. À la bourgeoise, se dit d'une manière très simple d'apprêter les viandes. Vin bourgeois, vin non frelaté.

  • 2 Par dénigrement, qui manque de dignité, d'élévation. Avoir l'air bourgeois. Des discours bourgeois, De Caillières, en 1690. Est-il de petits corps un plus lourd assemblage, Un esprit composé d'atomes plus bourgeois ? Molière, F. sav. II, 7. (Les expressions atomes bourgeois, air bourgeois sont citées comme nouvelles dans le grand Dictionnaire des précieuses, publié onze ans avant les Femmes savantes, 1672.) Des personnages qui ne sont point dans la nature, des amours bourgeois et insipides, Voltaire, Lett. Damilaville, 24 août 1764. Monsieur, pour ses amis, entretient une actrice ; Madame, des beaux-arts bourgeoise protectrice…, Gilbert, XVIIIe siècle.

    Substantivement. Ce que vous dites là est du dernier bourgeois, Molière, Préc. 5.

  • 3 Terme de diplomatique. Lettre bourgeoise, caractère tenant le milieu entre la gothique cursive et la gothique moderne.

HISTORIQUE

XIe s. Li burgeis qui ad en sun propre chatel [avoir, bien] demi marc vaillant, Lois de Guill. 18. Toutes les rues où li burgeis estont, Ch. de Rol. CXC.

XIIe s. Un borzois fut mout riches et manant [opulent], Ronc. p. 190. Ses borjois [il] fait armer chascun à sa maison, Sax. VIII. Tuz les en fist chacier e humes et muilliers ; Les clers enpersonez, burgeis e chevaliers, Od filles et od fiz, od enfanz laiteniers, Th. le mart. 64.

XIIIe s. Mout sont trestuit dolent li bourjoi de Paris, Berte, XCIX. Chevaliers ne bourgeois, vilains ne païsant, ib. CVII. Li bourgois requisent assolution et li proierent que il les menast par ordene de droit, Chron. de Rains, 115. Moult a en lui [elle] franche borjoise, Ren. 14648. C'est quant le [la] mere est de franque nascion [naissance], si comme de bourgois ou de gent de poesté, franque et hors de servitude, Beaumanoir, XLV, 29. Or avint encore ainsi que un mien bourjois de Joinville m'aporta une baniere et un fer de glaive, Joinville, 228. Estaut de Nogent fu le bourgois du monde que le conte creoit le plus [croyait le plus], Joinville, 205. Ces bourgois de Troies, quant il virent que il avoient perdu le secours de leur seigneur, Joinville, 204. L'argent et la chandoile por ce que petit poise, Porte par contenance à l'autel la borgoise, J. de Meung, Test. 1206.

XIVe s. Comme le bourgeois veille pour acquerir richesses à lui et à ses enfants, le chevalier et le noble veille pour acquerre pris et los ou monde, Ménagier, t. I, 3.

XVe s. Il y avoit un bourgeois à Gand qui s'appeloit Jean Lyon, Froissart, II, II, 52. Mes bourgeoyses sans nul sejour Partent et se mettent en voye, Coquillart, Monologue des perruques.

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. borgey ; Berry, borgeois ; provenç. borges, borzes ; espagn. burges ; ital. borghese ; du bas-latin burgensis, adjectif tiré de burgus (voy. BOURG). Le bourgeois était un homme du bourg, du lieu clos et fortifié, tandis que le villain était l'habitant de la ville (latin, villa), maison de campagne, lieu ouvert et non fortifié. Cuisine bourgeoise se disait, au XIIIe siècle, viande de maisnie, c'est-à-dire nourriture de la maison.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

2. BOURGEOIS, adj.
1Ajoutez : Quoiqu'il [Boileau] pense que cet ouvrage [la Satire sur les femmes] est son chef-d'œuvre, le public n'est pas de son avis, et le trouve très bourgeois et rempli de phrases très barbares, Mlle de Scudéry, p. 371, Rathery et Boutron, Paris, 1873.