« bourgeon », définition dans le dictionnaire Littré

bourgeon

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

bourgeon

(bour-jon) s. m.
  • 1Œil des arbres qui, se développant, donne les branches ou les feuilles. Faux bourgeon, œil qui, l'année de sa formation, au lieu de rester à l'état d'œil, se développe en bourgeon. Mais attends que l'hiver s'en aille, et tu vas voir Une feuille percer ces nœuds si durs pour elle, Et tu demanderas comment un bourgeon frêle Peut, si tendre et si vert, jaillir de ce bois noir, Hugo, F. d'aut. 26.
  • 2Le nouveau jet de la vigne.
  • 3 Fig. Boutons rouges qui viennent au visage. Elle peint de bourgeons son visage guerrier, Boileau, Lutr. I. C'était [Riom] un gros garçon court, joufflu, pâle, qui, avec force bourgeons, ne ressemblait pas mal à un abcès, Saint-Simon, 435, 54. Le duc de la Feuillade avait une physionomie si spirituelle qu'elle réparait sa laideur et les bourgeons dégoûtants de son visage, Saint-Simon, 99, 55.
  • 4 Terme de pathologie. Bourgeons charnus, nom de granulations coniques et rougeâtres qui se développent à la surface des plaies suppurantes et en déterminent la cicatrisation.
  • 5 S. m. plur. Terme de commerce. Laines fines qui s'allongent par brins.

SYNONYME

ŒIL, BOURGEON, BOUTON. L'œil est ce qu'il y a de plus général ; c'est la première marque d'un développement nouveau dans l'arbre. En se développant, l'œil devient bourgeon ou bouton : bourgeon, s'il doit donner des branches ou des feuilles ; bouton, s'il doit donner des fleurs et des fruits.

HISTORIQUE

XIIe s. Bon burjon de bone raïz [racine], E de haut pere vaillant fiz, Benoit de Sainte-Maure, II, 12739.

XIIIe s. À cel tens ne sera mie fruiz en arbre ne borjons en vigne, Psautier, f° 186. Et quant borjon à l'une [plante] viennent, Les autres flestries se tiennent, la Rose, 5983. Barbier, or viennent les groiseles ; Li groiselier sont boutoné, Et je vous raport les noveles Qu'el front vous sont li borjon né, Rutebeuf, 216.

XIVe s. Jeune bourgeon et tendre, Ménagier, II, 5.

XVe s. Dès le temps de la Praguerie, là où ses meurs commenchoient à estre cogneus en leur bourgeon, y perchupt on ce que on y trouva depuis, Chastelain, Ch. des ducs de Bourg. I, ch. 58.

XVIe s. Tunica ocularis : en françois, maille, taye, bourgeon, Paré, XV, 5. Une plume très molle, comme de duvet, ou un petit bourgeon [flocon] de laine cardée, qui par le mouvement puisse testifier la respiration, Paré, XVIII, 54. Au temps d'enter en fente, un bon œil ou bourgeon est prins du greffe où il se trouve plus gros, bois et tout, De Serres, 674.

ÉTYMOLOGIE

Berry, borgeon ; picard, bordon. Ménage le tire de bourre, à cause de l'état bourru des bourgeons. Diez le fait venir de l'allemand : goth. burjân, s'élever. On l'a aussi rattaché, par transposition de l'r, au français brout ; provençal, brot, broto ; ce à quoi s'accorderait le picard bordon. Mais l'étymologie reste incertaine.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

BOURGEON. Ajoutez : - REM. Beaucoup d'horticulteurs se servent du mot bourgeon dans un sens tout à fait différent de celui qui lui appartient réellement ; car ils l'appliquent à la branche déjà en partie développée, désignant sous le nom d'yeux, gemmes, boutons, les bourgeons véritables ; cet usage introduit dans certaines descriptions un élément de confusion, Baillon, Dict. de botanique, Bourgeon.