« café », définition dans le dictionnaire Littré

café

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

café

(ka-fé) s. m.
  • 1Graine du cafier. Café Bourbon, café Moka, ou café de Bourbon, de Moka. Café en coque ou en cerise. Café mondé. Café en poudre. Marc de café. C'est toi, divin café, dont l'aimable liqueur, Sans altérer la tête, épanouit le cœur, Delille, Les trois règnes, VI.

    Par abus, l'arbre même qui le produit. Le café avait été transporté, en 1726, dans nos îles de l'Amérique par M. Desolieux, depuis chef d'escadre, à qui M. Dufai en avait confié quelques pieds ; manquant d'eau dans la traversée, il avait conservé ce dépôt précieux aux dépens de son propre nécessaire, Condorcet, Maurepas.

  • 2Breuvage fait par infusion d'eau bouillante, avec le café brûlé et moulu. L'usage de l'infusion de café ne paraît pas remonter au delà du XVe siècle ; il fut introduit en Europe au commencement du XVIIe, à Marseille en 1654. J'avais pris mon café, Sévigné, 159. Il prenait du café pour s'empêcher de dormir et travailler davantage ; et puis, pour rattraper le sommeil, il prenait de l'opium, Fontenelle, Bourdelin. Aux dîners d'Agathe, Au lieu de café, Vite une sonate, Béranger, Musique.

    Tasse à café, une tasse pour prendre le café. Une tasse de café, une tasse pleine de café.

    L'heure où l'on prend le café. Ne m'attendez pas pour dîner, je viendrai seulement au café.

    Café au lait, café dans lequel on met une certaine quantité de lait, et qu'on prend avec du pain.

    Couleur de café ou couleur café ; couleur de café au lait, ou couleur café au lait, couleur qui est celle du café, du café au lait.

  • 3Abusivement, café de chicorée, poudre de racines de chicorées rôties.
  • 4Lieu public où l'on prend du café ou d'autres breuvages. Restaient [chez la veuve de Maisons] les nouvelles, les petites intrigues, les cabales du parlement, un reste de tribunal en peinture qui ressemblait beaucoup à un café renforcé, qu'elle faisait valoir tout ce qu'elle pouvait, Saint-Simon, 401, 238. Vous vous appelez Fabrice ? - Oui, monsieur ; en quoi puis-je vous servir ? - Vous tenez un café et des appartements ? - Oui, Voltaire, l'Écossaise, III, 4.
  • 5 Populairement. Voilà qui est fort de café, c'est un procédé intolérable, une assertion étrange.

ÉTYMOLOGIE

Arabe cahwa ou chawe ; espagn. café ; ital. caffè ; angl. coffee.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CAFÉ. Ajoutez :
6 Populairement, un café, une demi-tasse de café. Intrépide, et soutenu d'ailleurs par trois cafés pris avant de venir, il se débattait au milieu des autres, G. Flaubert, l'Éduc. sentimentale, t. II, p. 110.
7Café de figues, figues torréfiées et moulues. Monsieur, vous m'avez référé des doutes qui se sont élevés dans l'esprit du service au sujet du régime applicable à un produit importé de Suisse sous la dénomination de café de figues et qui consiste en figues torréfiées et moulues, sans mélange de sucre ou de mélasse, Lett. commune, Douanes, 1er mars 1876, n° 293.
8 Arbre à café (coffee-tree des Américains), le gymnocladus dioica, Baillon, Dict. de bot. p. 247.
9Café chantant, café où l'on fait entendre des chanteurs.

Café-concert, café où l'on fait entendre des concerts. Le café-concert a sur le théâtre l'immense avantage du cigare, de la bière, du coude sur la table, E. Texier, Siècle, 7 avril 1867.

10Populairement et fig. Monsieur prend son café, c'est-à-dire vous vous amusez à mes dépens.

REMARQUES

Ajoutez :

1. Le premier café établi à Marseille date de 1671 ; en 1672 fut fondé le premier café parisien, au quai de l'École ; en 1716, il y avait déjà dans la capitale trois cents établissements de ce genre, M. de Lescure, Journ. offic. 17 nov. 1875, p. 9405, 3e col. Huet parle des cafés comme très répandus : Une étude assidue les obligerait à sortir de leur crasse, à quitter leur vie molle, les douceurs de leur fainéantise, le verbiage et les fadaises de leurs cafés…, Huetiana, p. 2.

2. Avant de dire café tout court en parlant d'un établissement public où l'on prend du café, on a dit maison de café, comme on disait aussi maison de chocolat. La première boutique de librairie, ou la première maison de café qui se présente, Bayle, Avis aux réfugiés.

3. Vers la fin du XVIIe s. l'orthographe des mots café et chocolat n'était pas encore fixée. Du Guet écrivait à Mme des Rieux : Ni le caphé ni le chocolate ne sont propres à votre estomac, Sainte-Beuve, t. V, livre VI, 8.

4. La locution : fort de café, vient de ce que les personnes qui prennent du café au lait, disent, lorsque c'est le cas, qu'il est trop fort, trop chargé de café.

ÉTYMOLOGIE

Arabe, kahoua (prononcé à la turque kahvé), qui désigne la liqueur et non le fruit, DEVIC, Dict. étym. Kahoua a été longtemps un des noms du vin, d'après M. Dozy, qui ajoute : Quand on considère que le vrai moka est une liqueur enivrante, on s'explique pourquoi on lui a donné ce nom.