« captif », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
captif, ive
- 1Pris à la guerre et fait esclave. Ils emmenèrent les femmes captives. Racheter les chrétiens captifs.
Moi captif à la fleur de l'âge Dans ce vieux fort inhabité
, Béranger, Le Prisonnier.Substantivement.
Il ouvrira les yeux des aveugles et tirera les captifs de leur prison
, Bossuet, Hist. II, 4.Un captif insolent d'avoir brisé sa chaîne
, Corneille, Nicom. V, 10.Rome vit passer au nombre des vaincus Plus d'un captif chargé des fers d'Antiochus
, Racine, Bérén. III, 1.La guerre dans Lesbos me fit votre captive
, Racine, Iphig. III, 4.Moi qui contre l'amour fièrement révolté, Aux fers de ses captifs ai longtemps insulté
, Racine, Phèdre, II, 2.L'ordre de la rédemption des captifs, ordre religieux dont la destination était de racheter les captifs faits par les Barbaresques.
- 2En général et dans le style relevé, pris, détenu. Un oiseau captif.
Les coupables qu'il tenait captifs
, Bossuet, Hist. II, 6.Captive, dès le berceau, des ennemis les plus implacables de sa maison
, Bossuet, Duch. d'Orléans.Comme il n'a jamais refusé ce qui était raisonnable, étant vainqueur, il a toujours rejeté ce qui était faible et injuste, étant captif
, Bossuet, Reine d'Angl.Asservi.
Rendre par un décret public à la Grèce, si longtemps captive, la liberté à laquelle elle ne pensait plus
, Bossuet, Hist. III, 6. - 3 Par extension, qui est contraint ou attaché. Cette place me rend fort captif. âme captive des sens, des plaisirs.
C'est proprement un charme : il rend l'âme attentive, Ou plutôt il la tient captive, Nous attachant à des récits
, La Fontaine, VII, à Mme de Montespan.Tiens ta langue captive, et si ce grand silence…
, Corneille, Cinna, V, 1.Il ne faut point tenir les vérités captives
, Sévigné, 111.Dans son génie étroit il est toujours captif ; Pour lui Phébus est sourd et Pégase est rétif
, Boileau, Art poét. I.[âme] toi qui étais née pour l'éternité et pour un objet immortel, tu deviens éprise et captive d'une fleur que le soleil dessèche
, Bossuet, La Vallière.L'âme, devenue captive du plaisir, devient ennemie de la raison
, Bossuet, ib.Philisbourg qui tint si longtemps le Rhin captif sous nos lois
, Bossuet, Louis de Bourbon. - 4Ballon captif, aérostat qu'on retient au moyen d'une corde, par opposition à ballon perdu, qu'on laisse aller dans l'air.
SYNONYME
CAPTIF, ESCLAVE, PRISONNIER. Dans le sens ancien et souvent usité, le captif est pris à la guerre, et peut être fait esclave ; dans le sens moderne, captif est synonyme de prisonnier, avec cette différence que captif est de la poésie et du style relevé. L'esclave n'est pas pris à la guerre ; il reçoit l'esclavage en héritage de ses parents, ou bien on l'achète de ceux qui le possèdent ou qui font la traite. Le prisonnier est ou pris à la guerre, ou détenu de toute autre façon ; mais il n'est pas esclave.
HISTORIQUE
XVIe s. Ceste galere estoit de seize rames pour banc, accoustrée magnifiquement des armes captives, riches draps de pourpre, et autres telles despouilles
, Amyot, P. Aem. 50. Empeschant que l'on ne monstre publiquement la grandeur et la gloire des roys Philippus et Alexandre le Grand prisonnieres et captives soubz les armes romaines
, Amyot, ib. 53. La belle main dont la forte foiblesse D'un joug captif donte les plus puissans
, Du Bellay, J. II, 11, recto. As-tu point veu une nymphe craintive, Qui va menant ma liberté captive Par les sommets des plus haultes montaignes ?
Du Bellay, J. II, 28, recto. Ceste police de la plus part de nos colleges m'a tousjours despleu ; c'est une vraye geaule de jeunesse captive
, Montaigne, I, 183.
ÉTYMOLOGIE
Captivus, captif (voy. CHÉTIF, qui est l'ancienne forme de captif). Captif a été refait sur le latin au XVIe siècle.