« causer.2 », définition dans le dictionnaire Littré

causer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

causer [2]

(kô-zé) v. n.
  • 1S'entretenir familièrement. Ils causent ensemble. De quoi causent-ils ? Nous causerons de cette affaire. Je veux me vanter d'être toute l'après-midi dans cette prairie, causant avec nos vaches et nos moutons, Sévigné, Lett. 384. Voilà la chose du monde la plus heureuse pour lui ; vous savez tout cela, mais on cause [c'est-à-dire je vous écris cela pour causer avec vous], Sévigné, 592. Pour mon fils, M. le maréchal n'a pas voulu le laisser venir ; il est le seul avec qui il cause de toute chose, Sévigné, ib. Le duc d'Orléans régent daigna un jour causer avec moi au bal de l'Opéra ; il me fit un grand éloge de Rabelais, Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 13 oct. 1759.

    Familièrement. Causer de choses et d'autres, s'entretenir sans propos déterminé.

    Fig. Causer de la pluie et du beau temps, parler de riens, de choses de peu d'importance.

    Elliptiquement. Causer littérature, voyages, etc. causer de littérature, de voyages.

    Familièrement. Ah çà ! causons un peu, expliquons-nous, entendons-nous.

    Passivement et impersonnellement, dans le parler familier, c'est assez causé, ou, simplement, assez causé, ne parlons plus, agissons, et aussi, taisez-vous, brisons-là.

  • 2 Familièrement, tenir des propos, parler avec légèreté et indiscrétion, ou avec malignité. Le monde, chère Agnès, est une étrange chose ! Voyez la médisance, et comme chacun cause ! Molière, Éc. des fem. II, 6. Je ne m'étonne point si parfois on en cause, Molière, Prol. d'Amph. Voilà ce que c'est que d'avoir causé ; vous n'en tâterez plus, et je vous laisse sur la bonne bouche, Molière, G. Dandin, II, 7.
  • 3 V. n. Terme de fauconnerie. Se dit du cri des perroquets et des pies.

REMARQUE

Peut-on dire : il m'a longtemps causé de ses affaires ; allez lui causer de cette nouvelle ? C'est une façon de parler qui est très en usage. Mais observez qu'on ne pourrait pas dire, en mettant un substantif au lieu du pronom : j'ai causé de l'affaire à mon avocat ; il faut avec mon avocat. Cela rend très suspect l'emploi du pronom, et il sera mieux de dire : il a longtemps causé avec moi de ses affaires ; allez causer avec lui de cette nouvelle. On ne cause pas à quelqu'un ; on cause avec quelqu'un. Pourtant cette manière de parler se trouve dans J. J. Rousseau, qui n'est pas toujours très pur, et sans doute dans d'autres. La première fois que je la vis elle était à la veille de son mariage ; elle me causa longtemps avec cette familiarité charmante qui lui est naturelle, Rousseau, Confess. VII.

HISTORIQUE

XIIIe s. Par poi Hersent n'enrage d'ire Por Ysengrin, qui si la chose [gronde], Ren. 725. Moult de sa gent parler n'en osent, Mais par derriere moult l'en chosent [blâment], Fabliaux, Barbazan, I, 160.

XVe s. Je vous ait dit et causé [expliqué] toutes les avenues de Jean Bar, de Jean Pict…, Froissart, II, II, 239. Envie qui accuse et cause [blâme] Maintes personnes tout à tort, Myst. Resurr. de N. S. L'homme songeart il [le vin] fait causer et rire, Basselin, XXXVII. Si voulez que je cause et preche, Et parle latin proprement, Tenez ma bouche toujours freche, De bon vin l'arrosant souvent, Basselin, LVIII.

XVIe s. Ce fut un commandement nu et simple, où l'homme n'eut rien à connoistre et à causer [demander raison], Montaigne, II, 208.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. chausar, causciar, reprocher, disputer ; espagn. causar, faire un procès ; du latin causari, faire un procès, d'où disputer, reprocher, et simplement, causer. Diez et d'autres étymologistes font intervenir l'ancien haut allemand chôzôn, allemand moderne kosen ; mais le latin suffit à la forme et au sens du mot roman.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

2. CAUSER. - REM. Ajoutez : Corneille a dit me causer pour causer avec moi : Lysis m'aborde, et tu veux me causer, Lexique, éd. Marty-Laveaux.