« chant », définition dans le dictionnaire Littré

chant

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

chant [1]

(chan) s. m.
  • 1Sorte de modification de la voix humaine par laquelle on forme des sons variés, appréciables et soumis à des intervalles réguliers. Il nous entretint de l'usage où l'on a toujours été de mêler le chant aux plaisirs de la table, Barthélemy, Anachars. chap. XXX. La poésie et la danse ne tardèrent pas à se mêler au chant dont elles sont des dépendances naturelles, Lamotte, Disc. sur l'églogue, p. 283.
  • 2Suite de sons formant soit des phrases, soit des périodes musicales, que l'on nomme généralement des airs, et auxquelles on donne l'expression voulue par le sujet. Chant harmonieux. Chant lugubre. Chant pieux. Le chant de la Marseillaise animait les troupes de la République. L'art, les règles du chant. Chantons, on nous l'ordonne ; et que puissent nos chants Du cœur d'Assuérus adoucir la rudesse ! Racine, Esth. III, 3. Il chante des chants de joie et de victoire, Massillon, Or. fun. Dauph. [Les psaumes] monuments immortels de l'histoire de Moïse, de celle des Juges, de celle des Rois, imprimés par le chant et par la mesure dans la mémoire des hommes, Bossuet, Hist. II, 13.

    Fig. Chant de sirène, langage trompeur.

  • 3Ramage des oiseaux, cri du coq, de la cigale ; et ironiquement, la voix de l'âne, etc. Le chant du rossignol, du serin. Dès le chant du coq. Le chant monotone de la cigale. Le paon se plaignait à Junon : … Le chant dont vous m'avez fait don Déplaît à toute la nature, La Fontaine, Fab. II, 17. [L'âne] Lève une corne tout usée… Non sans accompagner, pour plus grand ornement, De son chant gracieux, cette action hardie, La Fontaine, ib. IV, 5.

    Fig. Le chant du cygne, la dernière et excellente composition d'un musicien, d'un poëte célèbre, d'un orateur, etc. Locution prise de ce qu'on pensait dans l'antiquité que le cygne, près de mourir, faisait entendre un chant mélodieux.

  • 4Musique qui s'exécute avec la voix. Mettre un air en chant. Il a fait les paroles, un autre a fait le chant. Étudier un morceau de chant.

    Plain-chant, chant grégorien, chant d'église, le chant ordinaire de l'Église dont la régularisation est attribuée à saint Grégoire. C'est de là que l'on est parti pour le faire auteur, c'est-à-dire compositeur de plain-chant ; par une conséquence de cette invention prétendue, on a nommé le plain-chant chant grégorien, comme s'il était l'œuvre du célèbre pontife, La Fage, Cours complet de plain-chant, n° 754.

    Chant figuré, notre chant ordinaire, par opposition à plain-chant, parce que les phrases musicales et leurs sections, les mesures, le ton, sont astreints à une marche et ont une valeur déterminée qui lui donnent une figure particulière et reconnaissable.

    Chant sur le livre, plain-chant ou contre-point à 4 parties, dans lequel une seule partie est écrite, celle du livre de chœur qui est au lutrin, les trois autres étant composées et chantées impromptu.

  • 5Partie mélodique de la musique, celle qui résulte de la durée et de la succession des sons, celle d'où dépend en grande partie l'expression et à laquelle tout le reste est subordonné. Ce morceau manque de chant.

    Musique vocale. Parties de chant, celles qui sont exécutées par les voix.

    Phrase musicale qui se détache de l'ensemble. Dans ce sens, se dit des instruments. Chant du violoncelle, du hautbois.

  • 6 Par extension, poésie qui se chante ou peut se chanter. Chant nuptial. Chant guerrier. Si dans nos chants ta douleur retracée…, Racine, Esth. I, 2.

    Chant royal, composition de notre ancienne poésie, qui avait cinq strophes de onze vers, et un envoi de cinq à huit vers, ces six parties finissant par un même vers qui en formait le refrain.

  • 7 Au plur. Fig. et poétiquement, toute composition d'un ordre élevé en vers. Chants sublimes, immortels. Mes chants rediront tes exploits. Il excelle à conduire un char dans la carrière… à réciter des chants qu'il veut qu'on idolâtre, Racine, Brit. IV, 4.
  • 8Division d'un poëme. L'Énéide a douze chants. Un chant du Lutrin.

HISTORIQUE

XIIe s. Li oisel [se] levent, si commencent lor canz, Roncisv. 34. Jamais nuls chanz par moi ne fu oïz, Couci, V. Or commence chansons moult bone à enforcier, Qui bien en sait les vers et le chant desrainier, Sax. IV.

XIIIe s. U [au] munde n'a si bel oisel ; Fust tieus [tel] ses chans cum est ses cors, Il vauroit mix [mieux] que nul fins ors, Marie de France, Fable 14. Li chastelains de Couci aima tant Qu'onc pour amor nus [nul] n'en ot dolor graindre [plus grande] ; Pour ce ferai ma complainte en son chant, Car je ne cuit que la moie soit maindre [moindre], Anonyme, dans Couci. Pour qui ferai [je] mais ne chançon ne chant ? ib.

XVIe s. Et rossignols au gay courage… Chantent leur joly chant ramage, Marot, I, 177. … Tous differens de chantz et de plumages, Marot, I, 216. Le chant a grande force et vigueur d'esmouvoir et enflammer le cœur des hommes, Calvin, 328. Tout ce qu'ils appellent musique rompue, et chants à quatre parties, Calvin, Instit. 711.

ÉTYMOLOGIE

Picard, cant ; provenç. cant, can, chant ; espagn. et ital. canto ; du latin cantus, chant, de canere, chanter.