« cordeau », définition dans le dictionnaire Littré

cordeau

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

cordeau

(kor-dô) s. m.
  • 1Petite corde pour mesurer et aligner. Des rues tirées au cordeau. Tout est tiré au cordeau dans Saturne et dans Jupiter, Voltaire, Microm. 4. Vieux soldats de plomb que nous sommes, Au cordeau nous alignant tous, Béranger, Fous. Vous ne voyez rien d'aligné, rien de nivelé, jamais le cordeau n'entra dans ce lieu ; la nature ne plante rien au cordeau, Rousseau, Hél. IV, 11.

    Fig. Ce petit bel esprit, orateur du barreau, Alignant froidement ses phrases au cordeau, Voltaire, la Vanité.

  • 2Corde menue dont on se sert pour conduire un bateau. Tirer au cordeau.

    Dans les courses de chevaux, tenir le cordeau se dit dans le même sens que tenir la corde, pour signifier être, parmi les coureurs, le plus près de la corde intérieure du champ de course. Les coureurs tirent au sort à qui aura le cordeau.

  • 3Corde dont on se servait pour étrangler. On dit aujourd'hui de préférence cordon. Et le plus saint d'entre eux, sauf le droit du cordeau, Vivait au cabaret pour mourir au bordeau, Régnier, Sat. X. Elle n'est plus vivante ! - Quoi ! si tôt ? par le feu, le fer ou le cordeau ? Tristan, Mort de Chrispe, V, 10. Celui-ci se l'attache [le lacs] et se pend bien et beau ; Ce qui le consola peut-être Fut qu'un autre eût, pour lui, fait les frais du cordeau, La Fontaine, Fabl. IX, 16. L'empire romain mis à l'encan, et celui des Ottomans exposé tous les jours au cordeau nous marquent l'aveuglement de ceux qui ne font consister l'autorité que dans la force, Retz, II, 93. Louis le Hutin fit périr sa femme Marguerite de Bourgogne par le cordeau, Voltaire, Mœurs, 75. Le prix de tant de peines [du vizir] a été souvent l'exil ou le cordeau, Voltaire, ib. 93.
  • 4Lisières de certaines étoffes de laine de dernière qualité.
  • 5 Terme de pêche. Cordeau de nuit, la ligne de fond pour les anguilles.

    Cordeaux, morceaux de ficelle, attachés de distance en distance à la ligne de fond.

HISTORIQUE

XIIe s. Par la ventaille [du casque] [il] fait les cordals [tresses de sa barbe] sacher, Ronc. p. 134.

XIVe s. Pren un cordel, et puis l'attache à la lesse, Modus, f° LXXXII, verso. Les cordeaux si peu amorsés es oches qu'ilz chieent [tombent] legierement, se l'esprevier se fiert dedans, ib. CXXIII.

XVe s. Et disoient là les aucuns que le duc de Bretagne avoit fait et brassé tout ce cordel, Froissart, III, IV, 29. Furent ammenez à Paris tous liez en un chariot et le cordel au col ; mais madame de Guyenne leur sauva la vie par sa priere, Hist. d'Artus III, connest. du duc de Bret. p. 771, dans LACURNE.

XVIe s. Un usurier à la teste pelée D'un petit blanc acheta un cordeau Pour s'estrangler, Marot, III, 182. Il commencea à faire aligner et tirer le cordeau pour la citadelle, Carloix, VI, 41.

ÉTYMOLOGIE

Diminutif de corde ; wallon, coirdai ; namur. coirdia ; provenç. et espagn. cordel.