« cordonnier », définition dans le dictionnaire Littré

cordonnier

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

cordonnier, ière

(kor-do-nié, niè-r') s. m. et f.
  • 1Celui, celle qui fait les chaussures. Lisez mon nom, vous le pouvez, messieurs ; Mon cordonnier l'a mis autour de ma semelle, La Fontaine, Fabl. XII, 17. En même temps ils mirent à leur tête un Kelesiski, maître cordonnier, qui leur fit un corps de doctrine qu'on appela les formes de Kelesiski, Bossuet, Variat. XI, § 173. Je suis cordonnier pour femmes, Lesage, Les trois commères, acte I, sc. 9. Apollodore me dit : il est fils d'un cordonnier, et gendre de Cotys, roi de Thrace ; il s'appelle Iphicrate [général athénien], Barthélemy, Anach. ch. 7.
  • 2Nom vulgaire donné à une espèce de goëlands bruns et noirs.

    Poisson du golfe de Guinée.

PROVERBES

Les cordonniers sont les plus mal chaussés, c'est-à-dire ceux qui ont les choses en main négligent de s'en servir, d'en tirer parti.

Cordonnier, mêlez-vous de votre pantoufle, se dit quelquefois pour avertir quelqu'un de ne pas parler de ce qu'il ne connaît pas, de ce qui est au-dessus de sa portée, par allusion à ce qu'on raconte du peintre Apelle, qui, acceptant la critique d'un cordonnier pour la chaussure d'un de ses personnages, le renvoya aux pantoufles quand il voulut critiquer d'autres parties du tableau. C'est une imitation du proverbe latin : Ne sutor supra crepidam (que le cordonnier n'aille pas au-dessus de la bottine).

HISTORIQUE

XIIIe s. Nuz cordouaniers ne puet ne ne doit metre bazane avecques cordouan en nule œuvre qu'il face, Liv. des mét. 228. Mais onques, ce ne fet douter, Cordoaniers n'ot bons solers ; N'ainc drapiers ne fu bien vestus, Hist. litt. t. XXIII, p. 591.

XIVe s. Et mettroit le charpentier en l'angle a et le corduennier en b, Oresme, Eth. 151.

XVe s. Il estoit fils d'un cordouanier d'une petite ville, Commines, VII, 3. Il devint amoureux de la femme d'un cordouannier. - Il fit tant qu'il parla à la belle cordouanniere, Louis XI, Nouv. LXVII.

XVIe s. La pluspart n'est non plus propre à exercer cest office que seroit un cordouannier à labourer les champs, Calvin, Instit. 504. Cordonnier, Calvin, ib. 878. À quoy ayde cette coustume que les mariages sont deffendus de l'un mestier à l'aultre ; ne peult une de race courdonniere espouser un charpentier, Montaigne, III, 321. Gain du cordouanier entre par l'huys et ist [sort] par le fumier, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 124.

ÉTYMOLOGIE

Anc. franç. cordouan, cuir, ainsi dit de la ville de Cordoue, où on le préparait ; provenç. cordoneir ; ital. cordovaniere.