« curé », définition dans le dictionnaire Littré

curé

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

curé [1]

(ku-ré) s. m.
  • 1Prêtre placé à la tête d'une paroisse, et soumis dans l'exercice de ses fonctions à l'évêque du diocèse. On ne peut pas faire une loi qui obligeât les curés à dire la messe, Pascal, Prov. 6. Ce que je trouvai de plus ferme à Paris dans la consternation, furent les curés ; ils travaillèrent dans ces sept ou huit jours-là parmi le peuple avec un zèle incroyable, Retz, Mém. liv. III, p. 105, dans POUGENS. Feu M. le duc de Bourgogne avait la plus grande estime pour les curés de Paris ; il était persuadé qu'il fallait leur faire l'accueil le plus favorable à la cour, et leur accorder, autant qu'il était possible, les petites grâces qu'ils demandaient pour des familles, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuvres, t. IV, p. 214, dans POUGENS. Mon bon ami, je ne trouve rien de si beau que d'être curé ; un bon curé est un ministre de bonté, comme un bon magistrat est un ministre de justice, Rousseau, Ém. IV. De bons curés seront, quand on le voudra bien, dans les villes et dans les campagnes, des missionnaires perpétuels, et de plus des arbitres, des conciliateurs, de fidèles dépositaires de la confiance des familles, des liens de concorde, de zélés surveillants de la tranquillité publique, Marmontel, Élém. litt. t. VI, p. 70, dans POUGENS. Le curé ne doit connaître ni saisons, ni distance, ni contagion, ni soleil, ni neige, s'il s'agit de porter l'huile au blessé, le pardon au coupable, ou son Dieu au mourant, Lamartine, dans le Dict. de DOCHEZ. Coupable ou malheureux, vous n'avez rien à taire ; Pardonner, soulager, c'est tout mon ministère ; Je suis l'œil et la main et l'oreille de Dieu, Sa providence à tous, le curé de ce lieu, Lamartine, ib. Un mort s'en allait tristement S'emparer de son dernier gîte ; Un curé s'en allait gaiement Enterrer ce mort au plus vite, La Fontaine, Fabl. VII, 1.

    Spécialement, en termes d'administration, le curé d'une église paroissiale, par opposition à la succursale.

    Dans le langage ordinaire, par politesse, on donne le nom de curé au simple succursaliste.

    Familièrement. C'est Gros-Jean qui remontre à son curé, se dit d'un ignorant qui prétend conseiller un plus habile que lui.

    Curé primitif, titre porté par certaines communautés régulières qui avaient jadis possédé des cures et qui en avaient gardé quelques droits.

    Monsieur le curé n'aime pas les os, que lui donnez-vous à manger ? Jeu d'enfants ou attrape fondée sur l'homophonie d'os et de la voyelle o. Il faut répondre par un mot dans le nom duquel la voyelle o n'entre pas : des navets, du veau, un canard, etc. Mais si l'on dit des carottes, des abricots, etc. on donne un gage.

  • 2Morceau de chapeau dont le coutelier se sert pour tenir les pointes des pièces sur le polissoir.
  • 3Variété de tulipe d'un gris de lin fort pâle.

PROVERBES

Il faut faire carême-prenant avec sa femme et Pâques avec son curé.

Vous allez trop vite à l'offrande, vous ferez choir M. le curé, se dit à ceux qui s'empressent trop de faire quelque chose.

Il a affaire au curé et aux paroissiens, se dit de celui qui a affaire à plusieurs parties ensemble.

Qui croit sa femme et son curé est en danger d'être damné, c'est-à-dire une femme est capable de faire damner un homme nonobstant les bonnes instructions de son curé.

HISTORIQUE

XIIIe s. Laie gent aiment moult leur bon prestre curé, J. de Meung, Test. 700. Sans avoir cureur [souci], [les moines] ont l'avoir, Et li curez n'en puet avoir, S'à peine non, du pain pour vivre, Ne achater un petit livre Où il puisse dire complies, Rutebeuf, 193.

XIVe s. Je més la main à vous pour che que vous devés à monsignor che prestre qui est no bons curés, Baud. de Seb. VII, 681.

ÉTYMOLOGIE

Bas-latin, curatus, curé, de cura, soin (voy. CURE 1) : celui qui est chargé d'un soin, du soin des âmes. Quelques-uns ont voulu le rattacher au latin curio, prêtre de la curie ; mais la forme du mot ne le permet pas.