« définir », définition dans le dictionnaire Littré

définir

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

définir

(dé-fi-nir) v. a.
  • 1Déterminer, fixer. On ne peut définir le temps et le lieu auquel cela arriva.
  • 2Expliquer une chose par des attributs qui la distinguent. Ils définissaient la vertu par le plaisir, Bossuet, Hist. I, 8. Il [Sénèque] commence par définir la chose, peine que les anciens se donnent rarement, Diderot, Claude et Néron, II, 10.

    Absolument. Pour raisonner juste, il faut bien définir.

  • 3Définir un mot, une expression, en expliquer le véritable sens.

    Définir une personne, la faire connaître par les qualités qui la distinguent. On ne sait comment définir le comte ; il est jaloux et libertin, Beaumarchais, Mar. de Fig. I, 4.

  • 4En style dogmatique, décider. Les conciles ont défini que… Il est vrai qu'on ne définit expressément à Nicée que ce qui était expressément révoqué en doute, qui était la divinité de Fils de Dieu, Bossuet, Var. 1er avert. § 30.
  • 5Se définir, v. réfl. Être défini. Cela se définit de soi-même.

    Se rendre compte de soi-même. Tel homme au fond et en lui-même ne se peut définir ; trop de choses qui sont hors de lui l'altèrent, le changent, La Bruyère, XI. Laissez-les un peu se définir eux-mêmes, La Bruyère, XII.

REMARQUE

Au XVIIe siècle, dire difinir et difinition était encore assez accrédité pour que Marguer. Buffet prémunisse là-contre (Observ. p. 141, 1668).

HISTORIQUE

XIe s. Pour grant bataille juster et defenir, Ch. de Rol. CCIII.

XIIe s. Ceste bataille fust pieça definie, Ronc. p. 82.

XIIIe s. Quant li chapelains ot la parole definée, chascun endroit soi, lance baissie, hurte cheval, H. de Valenciennes, IX. Mès puisqu'Amors m'avés descrite, Et tant blasmée et tant despite, Prier vous voil dou defenir, Si qu'il m'en puist miex sovenir ; Car ne l'oï defenir onques, la Rose, 4387. Et dist li livres anciens, Que en Neron fu definie Des Cesariens la lignie, ib. 6487. Penseil, espoir, et s'i solace, Que, quant plus tost definera [mourra], Plus tost en paradis ira, ib. 5037. Ici define Philippe de Biaumanoir son livre, lequel il fist des costumes de Biauvaisins en l'an de l'Incarnation mil deus cens quatre vins et trois, Beaumanoir, Concl.

XVe s. De le gloser et commenter, De le diffinir ou prescripre, Diminuer ou augmenter, Villon, Test.

XVIe s. Il faut donc qu'ils diffinissent autrement la forme de l'Eglise ; ou, tant qu'ils sont, selon leur doctrine mesme, seront reputez de nous schismatiques, Calvin, Instit. Dédic. D'où viendra donc ceste authorité aux hommes mortels, de definir selon leur advis d'une chose qui surmonte tout le monde ? Calvin, ib. 25. Il y en a qui definissent en un mot, que manger la chair du Christ et boire son sang n'est autre chose que croire en lui, Calvin, ib. 1097.

ÉTYMOLOGIE

Dé… préfixe, et finir ; provenç. definir, defenir, diffinir, definar ; espagn. definir ; ital. definire. Dans l'ancien français definir signifiait finir, terminer, et il se conjuguait d'ordinaire sur la 1re conjugaison : definer.