« dévoyer », définition dans le dictionnaire Littré

dévoyer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

dévoyer

(dé-vo-ié ; plusieurs prononcent dévoi-ié. L'i remplace l'y grec toutes les fois qu'il est suivi d'un e muet : je dévoie ; je dévoierai) v. a.
  • 1Écarter de la voie, du chemin à suivre. Ce guide l'a dévoyé.

    Terme de charpenterie. Mettre quelque chose hors de l'équerre de son plan.

    Terme de marine. Dévoyer un vaisseau, détourner les couples d'un vaisseau, de manière qu'ils ne soient pas parallèles à la quille ou au couple de levée.

    Terme de construction. On dévoie une chausse d'aisance, un tuyau de cheminée, lorsqu'on les détourne de leur aplomb.

  • 2 Fig. Entraîner dans l'erreur. Tu pleures sur les enfants du prophète que le détestable Omar a dévoyés, Montesquieu, Lett. pers. 123.
  • 3Causer la diarrhée.
  • 4Se dévoyer, v. réfl. S'égarer. Il s'est dévoyé en voulant prendre un chemin de traverse.

    Fig. Tomber dans l'erreur. Employez toutes vos forces à rappeler dans cette unité tout ce qui s'en est dévoyé, et à faire écouter l'Église, par laquelle le Saint-Esprit prononce ses oracles, Bossuet, Hist. II, 13.

HISTORIQUE

XIIIe s. Berte si les desvoie [leur fait prendre le change], Que Symons et Constance tous ses bons lui otroie [font ce qu'elle veut], Berte, CVI. Car Diex maint desvoié bien à voie ramaine, ib. L. Li fox [fou] qui trop se devoia, Ren. 7340. Bien me fet Renart desvoier De mon besoing et destorber ; Malgré mien, mestuet sejorner, ib. 16990. Le chief ai vuit et estoné Du duel [deuil], et de l'ire et del pens, Dont tot est desvoiez mon sens, ib. 15900. Tout li mondes vait ceste voie, C'est li diex qui tous les desvoie, la Rose, 4356. Par quoi li cuer [les cœurs] si se desvoient Por la plesant impression De lor imaginacion, ib. 8962. Cis flueve va tant tournoiant, Par tant de destrois desvoyant O [avec] tout son venin dolereus, Qu'il chiet ou [tombe au] flueve doucereus, ib. 6090. Je di fortune est non voianz, Je di fortune ne voit goute, Ou en son sens est desvoianz ; Les uns atret, les autres boute, Rutebeuf, 88.

XVe s. Nous voulons avoir compte du grand tresor de Flandre, que vous avez devoyé sans titre de raison [le bruit s'était répandu qu'il l'avait envoyé en Angleterre], Froissart, I, I, 248.

XVIe s. Mille routes desvoyent du blanc, une y a, Montaigne, I, 37. Elle nous desvoye du beau et plain chemin que nature nous a tracé, Montaigne, I, 225. Une troupe errante et desvoyée au sentier de perdition, Montaigne, II, 224. Pour divertir les opinions et conjectures du peuple et desvoyer les parleurs, Montaigne, III, 300. Les veneurs n'endurent pas que leurs chiens se desvoyent, Amyot, De la curiosité, 19. L'odeur seule d'icelle [médecine] luy desvoya tellement le ventre, qu'il fut contraint d'aller sept fois à ses affaires à l'instant, Paré, Introd. XXII.

ÉTYMOLOGIE

Dé… préfixe, et voie.