« dépecer », définition dans le dictionnaire Littré

dépecer

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dépecer

(dé-pe-sé. La syllabe pe se change en pè, quand la syllabe qui suit est muette : je dépèce, je dépècerai ; le c prend une cédille devant a ou o : nous dépeçons, je dépeçai) v. a.
  • 1Mettre en pièces, couper en morceaux. Dépecer un vieux bateau. Eux venus, le lion par ses ongles compta, Et dit : nous sommes quatre à partager la proie ; Puis en autant de parts le cerf il dépeça, La Fontaine, Fabl. I, 6. Ces vils magistrats, dont Juvénal, non moins satirique mais plus plaisant et plus gai qu'à son ordinaire, rassemble les successeurs autour d'un énorme turbot, délibérant gravement sur les moyens de l'apprêter sans le dépecer, Diderot, Règne de Claude et Néron, I, 28. Ses figures sont placées sur trois lignes parallèles, en sorte qu'on pourrait dépecer son tableau en trois mauvais tableaux, Diderot, Salon de 1767, Œuvres, t. XIV, p. 309, dans POUGENS.

    Par extension. Des peuples barbares ravagèrent ce pays, le dépecèrent, Montesquieu, Lett. pers. 136.

    Fig. Les Grecs et les Chinois ont été des fripons et des ignorants qui ont dépecé chacun ce grand système, Diderot, Musique des anc.

  • 2 Terme de métier. Ouvrir les peaux à faire des gants en les étirant dans tous les sens.
  • 3Se dépecer, v. réfl. Être dépecé. Ce poulet se dépèce facilement.

    Fig. M. du Maine se dépeça en excuses de la peine que l'on prenait [de le visiter], Saint-Simon, 296, 54.

HISTORIQUE

XIe s. Entre mes poings [il] me depeçout ma hanste, Ch. de Rol. LXV.

XIIe s. Les murs abattre et depetier, Ronc. p. 50. Et son bliaut [il] lui prist à despecer, ib. p. 97. Sore [il] lui court pour son corps depecer, ib. p. 189. Tu ies pieres, et sur ceste piere ferai M'iglise, e ma meisun i edifierai, E les portes d'enfer pur li depecerai, Th. le mart. 79.

XIIIe s. La partie de ceus dont vous avés oï, qui voloient l'ost depecier, parlerent as messages et leur distrent…, Villehardouin, XLVII. Sa cage [un lion] a desrompue et toute depecie, Berte, II. S'il le puent [peuvent] tenir de près, Il li depeceront la pel, Si li feront rouge chapel, Ren. 16511. Miex vodroie à [avec] cotiaus d'acier Piece à piece estre despeciés, Que vous en fussiés correuciés [courroucé], la Rose, 2907. Un batel que il urent, tout i fud depeciez ; As roches se ferit, qui fut antis et viez, Rom. de Horn, p. 10. Pour toutes tex [telles] causes poent estre compaignies [sociétés] depecies, Beaumanoir, XXI, 4. Des plès qui naissent de mariage depecier, Beaumanoir, XVIII, 17.

XIVe s. Et qui lui depecheroit sa robe tant que l'en veist son braz ou sa poitrine nuement, sa biauté naturel s'en monstreroit mieulx, Oresme, Eth. 25. Esmerez tient la mache [masse, massue] dont moult granz copz frapa ; Le bord de la navie tellement despecha, Que petit s'en failli que l'iauwe n'i entra, Baud. de Seb. IV, 557.

XVe s. Et la banniere du comte fut ruée par terre et toute despecée, Froissart, II, II, 54. Mais ne tint pas le dict voyage : car avant qu'il peust estre mis sus du tout, l'hyver vint si fort que despecer le convint, Bouciq. I, ch. 13.

XVIe s. Seul, ses armes despecées, Montaigne, I, 4. Quand on despeceoit ces faisands, Montaigne, I, 393.

ÉTYMOLOGIE

Dé… préfixe, et pièce ; picard, dépiécher ; provenç. despessar, despezar, despechar.