« enchérir », définition dans le dictionnaire Littré

enchérir

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

enchérir

(an-ché-rir)
  • 1 V. a. Mettre une enchère sur quelque chose. Enchérir une maison.

    Fig. Aller au delà. Monsieur, il n'y a pas moyen d'enchérir ce que vous m'avez écrit, Guez de Balzac, Lett. 23, liv. IV.

    Cet emploi a vieilli, on dit maintenant, en ce sens, enchérir sur, en prenant le verbe au sens absolu ou neutre.

  • 2 V. n. Mettre une enchère, des enchères. Il a fait venir des gens pour enchérir. Enchérir sur un autre. Les riches ayant commence à enchérir sur les pauvres, à porter beaucoup plus haut ces rentes, et à chasser par ce moyen les pauvres de leurs possessions, Rollin, Traité des Ét. 3e part. ch. 2.

    Fig. Aller au delà, faire plus qu'un autre. Et moi, pour enchérir par-dessus ses efforts, Je verrai mettre en cendre et ma main et mon corps, Du Ryer, Scévole, V, 4. Ta mort pour me déplaire enchérit sur ta vie, Tristan, Mort de Chr. V. 5. La renommée qui enchérit toujours sur la vérité, Perrot D'Ablancourt, Tacite, 474. Quand l'absurde est outré, l'on lui fait trop d'honneur De vouloir par raison combattre son erreur ; Enchérir est plus court, sans s'échauffer la bile, La Fontaine, Fabl. IX, 1. Enchérissez sur les tendresses Que vous eûtes pour lui, La Fontaine, Fiancée. Une chose dite entre eux peu clairement en entraînait une autre plus obscure, sur laquelle on enchérissait par de vraies énigmes, toujours suivies de longs applaudissements, La Bruyère, V.

    Ce mot enchérit sur tel autre, il ajoute à l'idée qu'il exprime.

  • 3 V. a. Augmenter le prix d'une marchandise. Ce journalier enchérit. son travail. Ce marchand enchérit ses produits.
  • 4 V. n. Devenir plus cher. La viande enchérit. On a vendu mon blé trois jours avant qu'il soit enchéri, Sévigné, 351.

    Il se conjugue avec les auxiliaires avoir ou être ; dans le premier cas, cela indique l'action ; dans le second, l'état : le blé a enchéri au marché dernier ; le blé est enchéri depuis quelque temps.

HISTORIQUE

XIIe s. Beals [beau] reis, se tu voleies encerchier les escriz, Plusurs rois trovereies que Deus out ainz esliz ; Quand il les out el mund muntez e encheriz [aimés, chéris], Mal unt encontre Deu lur mestiers acompliz, Th. le mart. 75.

XIIIe s. Nous pierdons nos gaegnages et nos marceandises ; et nous enchierist li viande cescun jour, Chron. de Rains, 120. Mes li chetif sermonneor, Et li fol large donneor Si forment les enorgueillissent [les femmes], Que lor roses lor enchierissent, la Rose, 7658. Et en cel delai blé enquierist si, que il vient en aussi grant quierté [cherté] ou en plus comme il estoit quant il me fu prestés, Beaumanoir, XXXVII, 5. Miex vaut qu'on sequeure au commun porfit, qu'à le [la] volenté de cix [ceux] qui voelent le tans enquierir [créer la cherté], Beaumanoir, XLIX, 2.

XIVe s. Car par les guerres sont les vivres enchery, Guesclin. 1811818131.

XVe s. Ah ! vous ne sçavez Comment le drap est enchery, Trestout le bestail est pery, Patelin.

XVIe s. Vivez son glossateur encherit d'un aultre exemple de son temps, Montaigne, I, 98. J'encherirois volontiers sur Plutarque et dirois…, Montaigne, I, 323. La force de mon apprehension encherissoit prez de moitié la verité de la chose, Montaigne, II, 52. La vieille lui monstra le lict, et, l'ayant loué en toutes ses qualités, dist qu'elle ne faisoit de l'encherie, si en demandoit cinq sols, Rabelais, Pant. v, 15.

ÉTYMOLOGIE

Enchère ; Berry, encherdir, enchardir.