« enluminer », définition dans le dictionnaire Littré

enluminer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

enluminer

(an-lu-mi-né) v. a.
  • 1Ajouter avec le pinceau des couleurs vives sur une estampe qui lui donnent de l'éclat par rapport au trait noir ; ce qui fait comparer ces couleurs à une lumière. Enluminer une estampe.

    Absolument. Nous enluminerons, nous peindrons, nous barbouillerons, Rousseau, Ém. II. Ces couleurs, quelquefois enrichies de feuilles d'or attachées par un mordant, prouvent clairement qu'en Égypte l'art de peindre ne fut, pour ainsi dire, que l'art d'enluminer, Barthélemy, Anachar. ch. 37.

  • 2Enluminer une carte de géographie, couvrir les diverses contrées de teintes plates de couleurs différentes, ou au moins tracer avec le pinceau et des couleurs variées et voyantes les limites des pays.
  • 3 Par extension, colorer. L'ardeur de la fièvre lui avait enluminé le visage. Un rouge vif enluminait son teint, Voltaire, Apol. du luxe.

    S'enluminer la trogne, enluminer sa trogne, boire avec excès, parce que trop boire rend le nez rouge.

  • 4 Fig. Enluminer son style, y répandre des ornements qui ont plus d'éclat que de naturel.
  • 5S'enluminer, v. réfl. Se mettre du rouge. Si c'est pour les hommes qu'elles se fardent ou qu'elles s'enluminent, La Bruyère, III.

    Devenir rouge. Sa trogne commence à s'enluminer.

HISTORIQUE

XIe s. De tel barnage [vaillance] l'a Deus enluminet, Ch. de Rol. XXXIX.

XIIe s. Toute la sale en fut enlumenée [de sa beauté], Ronc. p. 161. E fud uvrez li chapitrals à lilies [lis] ki quatre alnes leverent e tute l'ovre enluminerent, Rois, p. 253. Tu, bels sires, es ma lumiere, e mes tenebres enlumineras, ib. 208.

XIIIe s. Et quant ele [la lune] a l'umbre [de l'éclipse] passée, Si revient toute enluminée Des rais que li soleil li monstre, la Rose, 4806. La prée [la prairie] D'erbe et de flors enluminée, ib. 10050. Le [la] disisme vertu… c'est cele qui enlumine toutes les autres… et ceste vertus si est apelée loiatés, Beaumanoir, 27. Et la premiere letre dou comencement estoit enluminée d'or, Ass. de Jér. I, 25. Et ainsi comme l'escrivain qui a fait son livre, qui l'enlumine d'or et d'azur, enlumina le dit roy son royaume de belles abbaïes que il y fist, Joinville, 303.

XIVe s. Lieu cler et enluminé, H. de Mondeville, f° 81, verso.

XVe s. Le verre est le pinceau duquel on t'enlumine [le nez] ; Le vin est la couleur Dont on t'a peint ainsi plus rouge qu'une guigne En buvant du meilleur, Basselin, VI.

XVIe s. Laissez à part vos vineuses tavernes, Museaux ardans, de rouge enluminez, Marot, II, 232. Ceux qui ont herité des heures du feu roy, ont monstré à leurs familiers tous ceux qui sont nommés en ce chapitre, et enluminés en cordeliers, D'Aubigné, Conf. I, 7.

ÉTYMOLOGIE

En 1, et le latin luminare, éclairer (voy. LUMINEUX) ; provenç. enlumenar, enlhumenar.