« fesser », définition dans le dictionnaire Littré

fesser

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

fesser

(fè-sé) v. a.
  • 1Frapper sur les fesses avec des verges ou avec la main. Fesser un petit garçon. Fessez, fessez, ce dit la mère, La peau du cul revient toujours, Chansons de Gautier Garguille, XI (édit. JANET)

    En général et dans le langage plaisant, châtier. Messieurs les sots, je dois, en bon chrétien, Vous fesser tous, car c'est pour votre bien, Voltaire, Chevaux et ânes. Nos Zoïles honteux… Des serpents d'Alecton nous les verrons fesser, Voltaire, Ép. 95.

    Fig. Se faire fesser, s'exposer aux choses les plus humiliantes. Il se ferait fesser pour moins d'un quart d'écu, Molière, l'Ét. I, 2. Je sais que pour un sol, d'une ardeur héroïque, Vous vous feriez fesser sur la place publique, Regnard, le Légat. III, 2.

  • 2 Fig. Faire vite, locution qui vient de ce qu'on traite la chose qu'on fait ainsi comme le petit garçon qu'on fouette. Fesser son vin, boire beaucoup. Elle fesse son vin de Champagne à merveille, et sur la fin du repas elle devient fort tendre, Regnard, Sérén. 11. Nous les aidâmes à fesser les meilleurs vins, Lesage, Gil Blas, VII, 14. Pour divertir la veuve et la consoler de la perte du défunt, ils fessent son vin de Champagne à la santé du mort, Dancourt, Sec. chap. du Diable boît. I, 1.

    Fesser le cahier, faire des rôles à la hâte.

  • 3Dans les fabriques d'épingles, battre un paquet de fils de laiton à force de bras sur un billot.
  • 4Se fesser, v. réfl. Se donner le fouet à soi-même. Aujourd'hui ce vieux fou se frappe la poitrine et se fesse devant Dieu de tous les mots plaisants qu'il a dits, Diderot, Salon de 1765, Œuvr. t. XIII, p. 263, dans POUGENS.

    Se donner le fouet l'un à l'autre. Ils se fessaient à tour de rôle.

HISTORIQUE

XVIe s. La procession des Lydiens, en laquelle les jeunes garçons sont fessez et fouettez à l'entour de l'autel, Amyot, Arist. 41. Rien ne le fit partir [le cardinal de Lorraine] de la cour que la poltronnerie, ayant eu pourtant un grand crevecœur et depit, quand, sortant de la ville, il oyoit crier parmi les rues, les boutiques et les fenestres : adieu, monsieur le cardinal, la messe est fessée, Brantôme, Cap. fr. t. III, p. 80, dans LACURNE. Fesser le breviaire [le dire promptement], Oudin, Dict.

ÉTYMOLOGIE

Fesse. Cependant Grandgagnage (citant, dans le wallon, fesî, entrelacer de l'osier, l'anc. wallon fesse, latte) et Diez inclinent à penser que ce mot vient non de fesse, mais du germanique : Aix-la-Chapelle, fitse, baguette ; bavarois, fitzen, frapper avec une verge.