« forfait.2 », définition dans le dictionnaire Littré

forfait

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

forfait [2]

(for-fè ; le t ne se lie pas dans le parler ordinaire ; au pluriel, l's se lie : des for-fè-z odieux ; forfaits rime avec succès, paix, sujets, etc.) s. m.
  • Crime énorme commis avec audace. Il fut touché de l'énormité de leurs forfaits, Vaugelas, Q. C. x, 1, dans RICHELET. C'est à moi seul aussi de punir son forfait, Corneille, Hor. IV, 2. Je m'impute à forfait tout ce que j'imagine, Corneille, Rodog. v, 4. De quelque grand forfait qu'on me puisse reprendre, Je n'ai garde d'avoir l'orgueil de m'en défendre, Molière, Tart. III, 6. Ô toi [ô nuit], de mon repos compagne aimable et sombre, à de si noirs forfaits prêteras-tu ton ombre ? Boileau, Lutrin, II. Il est donc des forfaits Que le courroux des dieux ne pardonne jamais ! Voltaire, Sémir. V, 8. Aux malheureux toujours on trouve des forfaits, Et les plus généreux vendent cher leurs bienfaits, Gilbert, le Poëte malheureux. Quoi donc ! un écrivain veut que son nom partage Le tribut de louange offert à son ouvrage, Et m'impute à forfait, s'il blesse la raison, De la venger d'un vers égayé de son nom, Gilbert, Apologie.

SYNONYME

CRIME, FORFAIT. Crime est le terme général ; le forfait est un grand crime ; à quoi il faut ajouter que forfait indique d'ordinaire un crime commis par quelque personnage d'une grande position, d'une grande puissance.

HISTORIQUE

XIe s. De quel forfait que home out fait en cel tens, Lois de Guill. 1.

XIIe s. Par quel forfait et par quel mesprison M'avez, amors, de vous si esloigné ? Couci, VII. Et Cologne destruite, dont grans est li forfais, Sax. X. E fud lur pechied mult forment granz, kar par leur furfait li poples del servise Deu se retraist, Rois, p. 8. Jà ne l'arons si acrochie [une âme], Ne prise à si present forfait [en si flagrant délit]…, Benoit de Sainte-Maure, Chr. de Norm. III, 516.

XIIIe s. Fourfait ne enfrainture qu'on fasse au moustier St Pierre, Du Cange, atrium.

XVe s. Là entre deux furent traitées les delivrances du comte de Kenfort et de ses compagnons, etc… parmi tout encore que [moyennant que] toute la terre de Pierregord demeureroit trois ans en paix, mais bien se pouvoient armer les chevaliers et escuyers de cette terre sans forfait ; mais on ne pouvoit prendre ni ardoir, ni piller nulle chose en ladite comté, Froissart, I, I, 226.

XVIe s. [Seigneur] Pardonnez-moi mon forfait, Car c'est un forfait extresme, Marot, IV, 267. Pour le chastiement d'un forfaict si detestable, Montaigne, III, 247.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. forfach, forfait ; anc. ital. forfatto ; du bas-latin forisfactum (voy. FORFAIRE).