« fortement », définition dans le dictionnaire Littré

fortement

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

fortement

(for-te-man) adv.
  • 1Avec une grande force musculaire. Si l'on frappe fortement et par plusieurs coups successifs une lame de fer aimantée, elle perdra sa vertu magnétique, Buffon, Min. t. XX, p. 142, dans POUGENS.

    Il se dit aussi de la force qu'a une chose. Cela tient fortement à la muraille.

  • 2 Par extension, avec vigueur. Son bois [d'un arbre] avait poussé fortement, et ses branches s'étaient élevées à cause des grandes eaux qui l'arrosaient, Sacy, Bible, Ézéchiel, XXXI, 5.

    Des contours, des muscles, etc. fortement dessinés, des muscles, des contours, etc. dont la forme ou la saillie est très prononcée.

    On dit dans un sens analogue, en parlant du visage : des traits marqués fortement.

  • 3 Fig. Avec énergie. Leur parle fortement, les conjure, les pique D'appuyer en tombant la fortune publique, Du Ryer, Scévole, I, 3. L'amant si fortement s'unit à ce qu'il aime Qu'il en fait dans son cœur une part de lui-même, Corneille, Théodore, III, 3. Mais je vois son esprit fortement irrité, Corneille, Sertor. IV, 1. Non que votre bonheur fortement l'intéresse, Corneille, Pulchér. I, 3. Thrasybule, à qui les Thébains avaient fourni des armes et de l'argent lorsqu'il entreprit de rétablir la liberté à Athènes, appuya fortement leur demande, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. IV, p. 274, dans POUGENS.

    Penser fortement, écrire fortement, avoir des pensées, un style qui indique une grande force d'esprit. Les sentiments vigoureux de l'âme passent dans le langage ; et qui pense fortement parle de même, Voltaire, Brutus, préface. La pièce [le Misanthrope] est d'un bout à l'autre à peu près dans le style des satires de Despréaux, et c'est de toutes les pièces de Molière la plus fortement écrite, Voltaire, Vie de Molière.

HISTORIQUE

XIe s. Forment [il] le plaint à la lei [coutume] de sa terre, Ch. de Rol. CLXIV.

XIIe s. Qui de ses armes fu forment redotez, Ronc. p. 36.

XIIIe s. Li roys et la royne forment les honorerent, Berte, III. Puis mout plus fortement dus Naymes [le duc Naymes] la ferma [fortifia], ib. IX.

XVe s. Ils estoient si forment obligés envers le roi de France que…, Froissart, I, I, 66.

XVIe s. Ils estoyent logez toutesfois fortement, Lanoue, 676.

ÉTYMOLOGIE

Forte, et le suffixe ment ; bourguign. formin ; norm. freument ; provenç. fortment ; espagn. fuertemente ; ital. fortemente. Dans l'ancien français, forment ou fortment est composé de fort au féminin, suivant l'ancienne règle des adjectifs latins en is, et du suffixe ment.