« fourvoyer », définition dans le dictionnaire Littré

fourvoyer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

fourvoyer

(four-vo-ié ; plusieurs disent fourvoi-ié), je fourvoyais, nous fourvoyions, vous fourvoyiez ; que je fourvoie, que nous fourvoyions, que vous fourvoyiez ; l'y se change en i devant l'e muet : je fourvoie, je fourvoierai v. a.
  • 1Faire perdre le vrai chemin. Ce guide nous a fourvoyés.

    Fig. Les mauvais exemples l'ont fourvoyé.

    Fig. Mettre en défaut. Je vais, d'un seul coup de baguette, endormir la vigilance, éveiller l'amour, égarer la jalousie, fourvoyer l'intrigue, Beaumarchais, Barb. de Sév. I, 6.

  • 2Se fourvoyer, v. réfl. Perdre le vrai chemin. Mais, étant le brouillas [brouillard] si épais, qu'il n'était pas possible ni à ceux qui portaient les enseignes de voir le chemin, ni aux soldats de voir les enseignes, ils ne faisaient que se fourvoyer, et, sans savoir où ils allaient, comme gens égarés de nuit, tournaient indifféremment partout où ils étaient appelés, Malherbe, le XXXIIIe liv. de T. Live, chap. 7. Ce loup rencontre un dogue aussi puissant que beau, Gras, poli, qui s'était fourvoyé par mégarde, La Fontaine, Fabl. I, 5. Ce Dieu remplit ses fourneaux De deux sortes de carreaux : L'un jamais ne se fourvoie ; Et c'est celui que toujours L'Olympe en corps nous envoie, La Fontaine, Fabl. VIII, 20.

    Terme de vénerie. S'écarter de la voie et courir un autre cerf que celui de la meute.

    Avec ellipse du pronom personnel. Faire fourvoyer quelqu'un, être cause qu'il se fourvoie.

    Fig. Plus on suit ses passions, plus on se fourvoie. [Les dieux] ne se peuvent fourvoyer des choses qui sont parfaitement bonnes, Malherbe, le Traité des bienf. de Sénèque, VI, 23.

    Particulièrement. Il se dit des méprises grossières. Cet auteur s'est grandement fourvoyé.

REMARQUE

Régnier l'a employé neutralement : Je ne m'émeus, non plus, quand leur discours fourvoye, Que d'un conte… Sat. XV. Montaigne en usait ainsi, voy. l'historique.

SYNONYME

SE FOURVOYER, S'ÉGARER. Se fourvoyer c'est se tromper de chemin, en prendre un autre que celui que l'on avait dessein de suivre. S'égarer c'est ne plus reconnaître son chemin, être dans un chemin que non-seulement on ne voulait pas prendre, mais que l'on ne connaît pas et dont on ne sait se tirer. En se fourvoyant on peut s'égarer ou non ; mais toutes les fois que l'on s'égare, on s'est fourvoyé, F. Guizot.

HISTORIQUE

XIIe s. Ke la sapience ne nos ellievet, ke li entendemenz ne forvoiet ki subtilment cuert [court], Job, p. 443. De maltalent fu Geris erraigiés : S'il ne se venge, jà sera forvoiés, Raoul de C. 184.

XIIIe s. Par le païs molt [ils] se forvoient, Homes et femes mal menoient, Lai de Melion. Fantosme nous va fauvoyant, Dist li abes, seignor, sans faille, N'avoit ier ci vaillant maaille, Rutebeuf, 324. Mais por ce que l'en voit que maint d'eulx [des frères mineurs] se forvoient, Les ont hui mains à cuer aucuns qu'il ne soloient, Et porroit encore estre que se fames n'estoient, Qu'il aroient soffrete, s'il ne s'umilioient, J. de Meung, Test. 1177.

XIVe s. Car quant un cuer s'est forvoyés, N'est pas de legier ravoiés, J. Bruyant, dans Ménagier, t. II, p. 18.

XVe s. Il ne se fourvoie pas qui à bon hostel va, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 313.

XVIe s. Ces opinions ont ordinairement autant d'efficace les unes que les autres à faire fourvoyer les hommes de la droitte raison, Amyot, Solon, 40. Par une follie de vaine ambition il s'estoit forvoyé et en avoit failly la droite voye, Amyot, Démétr. 74. Quand l'oesophage est venu à la quatrieme vertebre du metaphrene, il se fourvoye vers le costé droit, pour donner lieu à la grande artere nommée aorta, Paré, II, 20. Nos conseils fourvoyent, parce qu'ils n'ont pas d'adresse et de but, Montaigne, II, 9. Encores les aveugles demandent un guide ; nous nous fourvoyons de nous mesmes, Montaigne, III, 106.

ÉTYMOLOGIE

Berry, forvier ; provenç. forviar, forsviar ; du lat. foris, hors, et via, voie : aller hors de la voie.