« gothique », définition dans le dictionnaire Littré

gothique

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gothique

(go-ti-k') adj.
  • 1Qui appartient aux Goths. La langue gothique, ou, au masculin, le gothique, langue parlée par les Goths. C'est en gothique que fut traduite la Bible par Ulphilas.

    Alphabet gothique, alphabet qui fut formé au IVe siècle, en grande partie d'après celui des Grecs et celui des Romains, par Ulphilas. Ulphilas leur évêque, premier inventeur des lettres gothiques, et traducteur de l'Écriture sainte en sa langue, Fléchier, Hist. de Théodose, I, 47.

    Terme d'histoire romaine. Vainqueur des Goths. M. Aurélius Claudius le Gothique.

  • 2 Par extension et par abus. Qui appartient au moyen âge. Les siècles gothiques nous ont laissé des monuments où la hardiesse et la majesté respirent à travers les ruines du goût et de l'élégance, Raynal, Hist. phil. XIX, 12. On vous voyait [mes odes]… Demander aux temps gothiques Leurs vieux contes toujours nouveaux, Hugo, Odes, II, 1.
  • 3 Terme de diplomatique. Écriture gothique récente, ou, substantivement et au masculin, le gothique récent, nom donné à l'écriture du XIVe siècle, hérissée d'angles, de pans, de pointes et de crochets.

    Il se dit d'anciens caractères d'imprimerie qui ont de la ressemblance à ce modèle. À ces mots il saisit un vieil infortiat, Inutile ramas de gothique écriture, Boileau, Lutr. V.

    Il se dit aussi du caractère d'imprimerie que les Allemands emploient encore aujourd'hui.

    S. f. La gothique, l'écriture gothique.

  • 4Architecture gothique, architecture dite plus proprement ogivale, qui, malgré son nom, ne provient pas des Goths, et qui, dérivant de l'architecture romane, a été créée dans le XIe et le XIIe siècle par les architectes du nord de la France ; c'est en ce style que sont bâties une foule d'admirables cathédrales. On a entièrement abandonné l'ordre gothique, que la barbarie avait introduit pour les palais et pour les temples, La Bruyère, I. Ma campagne de la Brede, où vous trouverez un château gothique à la vérité, mais orné de dehors charmants dont j'ai pris l'idée en Angleterre, Montesquieu, Correspondance, 9. À la vue de ce palais [le Kremlin], à la fois gothique et moderne, des Romanof et des Rurick, de leur trône encore debout, de cette croix du grand Ywan, et de la plus belle partie de la ville que le Kremlin domine et que les flammes encore renfermées dans le bazar semblent devoir respecter, Ségur, Hist. de Nap. VIII, 6.

    Fronton gothique, dans l'architecture moderne, un pignon à jour, en cercle ou en triangle, avec des roses en trèfle et d'autres sculptures.

    S. m. Le style gothique, en parlant d'architecture et de sculpture. Le gothique domine dans cette architecture.

  • 5 Par extension et par mépris, il se dit de ce qui est trop ancien ou hors de mode. On dirait que Ronsard sur ses pipeaux rustiques Vient encor fredonner ses idylles gothiques, Boileau, Art p. II. Il a rendu ce mot gothique, La Bruyère, XIV. Le génie des Français a été presque toujours rétréci sous un gouvernement gothique, Voltaire, Louis XIV, Introduct. Ces entraves gothiques, ces multitudes de ligatures, Rousseau, Ém. V. Vous traversiez des ruines gothiques ; Nos défenseurs se pressaient sur vos pas, Béranger, Déesse de la liberté. J'aime à fronder les préjugés gothiques, Et les cordons de toutes les couleurs, Béranger, Nouv. Diog.
  • 6Qui dévaste en barbare. L'élève de Barbin Veut en vain s'opposer à leur fureur gothique, Boileau, Lutr. V.
  • 7Locut. adv, à la gothique, d'une façon gothique. Un sermon plein d'antithèses et d'autres semblables ornements est fait comme une église bâtie à la gothique, Fénelon, t. XXI, p. 77.

ÉTYMOLOGIE

Lat. gothicus, de gothus, goth.