« guider », définition dans le dictionnaire Littré

guider

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

guider

(ghi-dé) v. a.
  • 1Accompagner quelqu'un pour lui montrer le chemin. Guider un voyageur.

    Fig. Guider quelqu'un dans le chemin de l'honneur, de la vertu, de la gloire.

  • 2Il se dit des choses qui mettent sur la voie, qui servent à conduire. Il y avait sur le sol des traces qui guidaient ceux qui le poursuivaient. À peine un faible jour vous éclaire et me guide, Racine, Iphig. I, 1.
  • 3Faire aller, diriger. Il guidait mal le bateau. Et vous les verrez tous, prévenant son ravage [de Rome], Guider dans l'Italie et suivre mon passage, Racine, Mithr. III, 1. Qu'un seigneur éminent en richesse, en puissance, Par la bride guidât son superbe coursier, Racine, Esther, II, 5. Il en est que le ciel guida dans cet empire Moins pour nous conquérir qu'afin de nous instruire, Voltaire, Alz. II, 4. Si parfois, un penchant impérieux et tendre Vous guidant vers la tombe où je suis endormi, Vos yeux en approchant pensent voir leur ami, Chénier, Élég. VII.
  • 4 Fig. Il se dit de ce qui, personne ou chose, dirige quelqu'un dans ses actions, dans son langage, etc. Effrontés, ignorants, n'ayant rien de solide, Leur esprit prend l'essor où leur langue les guide, Régnier, Sat. V. Quel chemin le plus droit à la gloire nous guide, Ou la vaste science ou la raison solide ? Boileau, Ép. VI. Muse, c'est à ce coup que mon esprit timide Dans sa course élevée a besoin qu'on le guide, Boileau, Lutr. VI. Mais ma force est au Dieu dont l'intérêt me guide, Racine, Athal. IV, 3. La gloire vous conduit, que la raison vous guide, Voltaire, Adélaïde, II, 7. Mes mains qui guidaient des armées, Voltaire, Sémir. V, 2. Écoute seulement la pitié qui te guide, Voltaire, Adélaïde, IV, 1. Nul ne peut soupçonner le dessein qui le guide, Voltaire, Tancr. V, 1.
  • 5Se guider, v. réfl. Se diriger. Cet aveugle se guide à l'aide d'un bâton. Il faut se guider d'après de bons exemples.

SYNONYME

GUIDER, CONDUIRE. Guider quelqu'un, c'est le conduire pour lui montrer le chemin, pour empêcher qu'il ne s'égare. Conduire, c'est l'accompagner dans un trajet, sans que nécessairement il soit question de lui montrer un chemin.

HISTORIQUE

XIe s. En Roncevaus guierai ma compaigne [compagnie], Ch. de Rol. LXXI.

XIIe s. Si com fait nes [nef] que vens guie, Couci, III. Et cil, cume si se sentid blecied, cumandad erranment à celi ki le curre [char] guiout, que il le menast hors del ost, Rois, p. 339.

XIIIe s. Et viennent avent li per [pair] Qui seulent France guier, Hues de la Ferté, Romancero, p. 191. Son avoir à Montmartre fist la serve guier, Berte, XCVII. Nature, qui tout guie, Latini, Trés. p. 244.

XVe s. En tel temps doit prince ses gens guier, Et si leur doit toute seureté querre, Deschamps, Ball. Paix avec l'Anglais.

XVIe s. Aucune fois avec ses damoiselles, Comme une fleur assise au milieu d'elles Guidoit l'aiguille…, Ronsard, 687.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. guidar, guizar, guiar ; espagn. et portug. guiar ; ital. guidare. Origine douteuse qui paraît germanique à cause de gu, sans qu'on puisse déterminer exactement le radical. Diez propose le gothique vitan, remarquer, faisant observer cependant que le t gothique rendu par un d roman est contre l'habitude. Mais cela ne paraît pas devoir faire une objection absolue ; d'autant plus qu'une autre forme germanique a le d, danois vide. C'est le sens surtout qui fait l'objection.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

GUIDER. - ÉTYM. D'après M. Bugge, Romania, III, p. 150, l'origine germanique, sur laquelle des doutes avaient été élevés, est garantie par le franç. guidon, étendard, banderole, marque, qui répond précisément au norois viti, marque, indice, d'où vedhr-viti, girouette, celle qui indique la direction du vent. Viti est dérivé du verbe vita, goth. vitan, dans le sens de présager, indiquer. Le sens primitif de guider est indiquer (la direction du chemin).