« harangue », définition dans le dictionnaire Littré

harangue

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

harangue

(ha-ran-gh') s. f.
  • 1Discours fait à une assemblée, à un prince ou à quelque autre personne élevée en dignité. Le député vint donc et fit cette harangue : Romains, et vous, sénat, assis pour m'écouter, La Fontaine, Fabl. XI, 7. Le coadjuteur a fait la plus belle harangue qu'il est possible, Sévigné, 207. Il est des personnes qui blâment en général dans l'histoire les harangues, surtout celles qui sont directes, j'ai répondu ailleurs à cette objection, Rollin, Hist. anc. t. XII, liv. 25, ch. 2, art. 1, § 2e. Pour préférer les harangues de Démosthène à celles de Cicéron, il me semble qu'il faudrait presque avoir autant de solidité, de force et d'élévation d'esprit, qu'il en fallut à Démosthène pour les composer, Rollin, Trait. des Ét. IV, 1, p. 394. Notre temps nous est cher, courte harangue aux grands, Dancourt, Sancho Pança, II, 3. Si vous voulez juger du caractère de l'esprit de Grotius, lisez sa harangue à la reine Anne d'Autriche sur sa grossesse ; il la compare à la juive Anne qui eut des enfants étant vieille, Voltaire, Lett. Linguet, 15 mars 1767. Les harangues sont une autre espèce de mensonge oratoire que les historiens se sont permis autrefois ; on faisait dire à ses héros ce qu'ils auraient pu dire, Voltaire, Russie, Préface, § 7.
  • 2 Par extension, un discours quelconque. Il ne me reste que la langue Pour vous faire cette harangue, Régnier, Épît. III. Je ne vous ferai point de harangue importune, Corneille, D. Sanch. I, 3. Eh ! mon ami, tire-moi du danger ; Tu feras après ta harangue, La Fontaine, Fabl. I, 19. …Notre époux Fit cette harangue à la belle, La Fontaine, Pet. chien.
  • 3 Familièrement. Discours ennuyeux, longue remontrance. Quand aura-t-il fini sa harangue ?

    Voy. à DISCOURS, où la synonymie est exposée.

HISTORIQUE

XVe s. Et par si bel ordre, si notable arenge, l'ot dit que tous en furent esmerveilliez, Christine de Pisan, Charles V, III, 43.

XVIe s. Une piteuse et lamentable harangue, Marot, I, 310. Ainsi pour vray, que mon cueur et ma langue Disoient d'accord si piteuse harengue, Marot, III, 278. Le tiers estat donna charge à Versoris [leur orateur] d'ajouster quatre points à son harangue, D'Aubigné, Hist. III, 246. Son ministre l'advertit de faire un mot de harangue : à gens de bien courte harangue, dist le bon homme…, D'Aubigné, ib. I, 309.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. arengua ; espagn. et portug arenga ; ital. aringa, harangue, aringo, lieu où l'on harangue ; de l'anc. h. allem. hring, cercle, assemblée ; allem. mod. Ring, cercle, anneau. Les étymologistes rattachent hring au latin circus, au grec ϰύϰλος, cercle, en sanscrit çakra, roue.