« humer », définition dans le dictionnaire Littré

humer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

humer

(hu-mé) v. a.
  • 1Avaler quelque chose de liquide en retirant son haleine. Humer un bouillon, un œuf. Disant ces mots, son gosier altéré Humait un vin qui, d'ambre coloré, Sentait encor la grappe parfumée Dont fut pour nous la liqueur exprimée, Voltaire, Défense du mondain.

    Humer l'air, le vent, le faire pénétrer dans les poumons. Par un doux zéphyr réjouie [l'huître], Humait l'air, respirait, était épanouie, La Fontaine, Fabl. VIII, 9.

    Humer le brouillard, s'y exposer.

    Humer l'odeur des mets, les flairer avec délices.

    Aspirer par le nez. Humer une prise de tabac.

    Fig. L'air précieux n'a pas seulement infecté Paris ; il s'est aussi répandu dans les provinces, et nos donzelles ridicules en ont humé leur bonne part, Molière, Préc. rid. I. L'âme est contente et hume tout l'encens [de la flatterie] en elle-même, Bossuet, Pensées chrét. 22. Voilà, voilà pourtant l'air fétide, empesté [l'immoralité de certaines pièces de théâtre], L'air malsain que Paris, comme une odeur divine, Vient humer chaque soir de toute sa poitrine ! Barbier, Iambes, Melpomène, 2.

  • 2Se humer, v. réfl. Être humé. Un œuf frais se hume aisément.

HISTORIQUE

XIIIe s. Ceus [les œufs] retint Rossel à son oes [à son service, pour lui] Trestoz, que nul n'en i lessa, L'un après l'autre les huma, Ren. 23392. Il semble la langue li arde, Et moult piteusement esgarde Tybert qui le let hume et boit, ib. 2763. Tant ot mangié bon buef as aus [à l'ail] Et du cras humé qui fu chaus…, Rutebeuf, 282.

XIVe s. S'on vous fiert en la teste, tantost l'arez copée ; Vous estes abilliez, pour bien humer porée, Baud. de Seb. VIII, 243. En la fin leur convient faire humer caudel [boire le bouillon, en passer par-là], ID. VI, 493.

XVe s. B. D'honneur assez - M. Chascun en hume, Villon, Baillevent et Malepaie.

XVIe s. Nous les humons [les préjugés] avec le laict de nostre naissance, Montaigne, I, 116. Leurs esclairs [des armes], rayons et treluisements nous esblouyssoient, et humoient la veue, Carloix, VI, 39. Les bouillons trop chaudement humés nuisent beaucoup aux dents, De Serres, 904. Qui ne peult manger, hume bouillie, Genin, Récréat. t. II, p. 248.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, houmer ; picard, heumer. Origine inconnue. Diez demande si ce n'est pas une onomatopée. En tout cas, le sens primitif dans l'historique est avaler, en retirant son haleine, des œufs, du lait, du gras, de la porée. Il y a dans l'espagnol husmear, flairer ; mais ni le sens ni la forme (le verbe français n'ayant point d's) ne conviennent.