« impénétrable », définition dans le dictionnaire Littré

impénétrable

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impénétrable

(in-pé-né-tra-bl') adj.
  • 1Au travers duquel on ne peut passer, pénétrer. Une cuirasse impénétrable aux coups de flèche. Un bois impénétrable, dont le fonds est un marais, Bossuet, Louis de Bourbon. Des grilles affreuses, une retraite profonde, une clôture impénétrable, une obéissance entière, Bossuet, La Vallière. Elle est prête à périr auprès de son époux, Plutôt que découvrir l'asile impénétrable Où leurs soins ont caché cet enfant misérable, Voltaire, Orph. III, 5. Neuf ans de prison en un cachot impénétrable au jour, Genlis, Théâtre d'éduc. le Magistrat, I, 1.

    Fig. Dans lequel on ne peut faire impression, insensible. Vois-tu, comme le tien, des cœurs impénétrables ? Corneille, Poly. V, 4.

  • 2 Terme de physique. Qui a la propriété de l'impénétrabilité. La matière est impénétrable. De tous les philosophes grecs, les atomistes croyaient seuls que la matière fût impénétrable.
  • 3 Fig. Que l'on ne peut connaître, expliquer. Le ciel dans sa hauteur, la terre dans sa profondeur, et le cœur des rois est impénétrable, Sacy, Bible, Prov. de Salomon, XXV, 3. Mais, comme dit le Sage, autant que le ciel s'élève et que la terre s'incline au-dessous de lui, autant le cœur des rois est impénétrable, Bossuet, le Tellier. Rien ne vous sera impénétrable, Bossuet, Hist. II, 1. Il faut connaître avant toutes choses que Dieu est incompréhensible et impénétrable, parce qu'il est parfait, Bossuet, Serm. Culte dû à Dieu, 1. Il [Aratus] était fort propre à imaginer des entreprises contre les ennemis, à couvrir ses desseins par un secret impénétrable, et à les conduire à une heureuse fin par sa patience et par son audace, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. VII, p. 493. dans POUGENS. Éternelle justice, abîme impénétrable, Ne distinguez-vous pas le faible et le coupable ? Voltaire, Oreste, III, SC. 1re, variantes, de l'édition de 1750.

    Il se dit des personnes en un sens analogue. Il vient, dit-il [Jésus-Christ], comme un voleur, toujours surprenant et impénétrable dans ses démarches ; c'est lui-même qui s'en glorifie dans toute son Écriture, Bossuet, Mar.-Thér.

  • 4Qui cache soigneusement ses opinions, ses sentiments, ses desseins, en parlant des personnes. Le sénat fut impénétrable, Bossuet, Hist. III, 6. Seul il savait épancher et retenir son discours ; impénétrable, il pénétrait tout ; et, pendant qu'il tirait le secret des cœurs, il ne disait, maître de lui-même, que ce qu'il voulait, Bossuet, le Tellier. Jamais je n'ai trouvé le roi plus fermé, plus impénétrable et plus défiant, Maintenon, Lett. au card. de Noailles, 31 janv. 1700. Télémaque savait s'arrêter aux choses qui pouvaient donner quelque soupçon : par là son cœur était impénétrable et inaccessible, Fénelon, Tél. XVI. Je garderai votre secret, et je serai aussi impénétrable que la pierre la plus dure, Fénelon, t. XXIV, p. 465. Quoi, tu n'as pu pénétrer… ? - Oh ! Monsieur, Marine est une fille impénétrable, Regnard, Sér. 5. Du monstre impénétrable [le sphinx] affronter le courroux, Voltaire, Œd. I, 1. Impénétrables dieux, vous me faites trembler, Voltaire, Sém. V, 5. Il faut distinguer entre parler pour tromper, et se taire pour être impénétrable, Voltaire, Mœurs, 163.

HISTORIQUE

XVIe s. Elle [la concavité du nid de l'alcyon] ne peult recevoir ny admettre aultre chose que l'oyseau qui l'a bastie ; car à toute autre chose elle est impenetrable, close et fermée, Montaigne, II, 198. Un mur est, sans froissure, impenetrable à un corps solide, Montaigne, II, 261.

ÉTYMOLOGIE

Lat. impenetrabilis, de in négatif, et penetrabilis, pénétrable.