« infiniment », définition dans le dictionnaire Littré

infiniment

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infiniment

(in-fini-man) adv.
  • 1D'une manière infinie. L'espace, le temps étendu infiniment. Étant infiniment puissant, comme il est infiniment bon, il [Dieu] veut tout le bien qu'il peut faire, et il fait tout le bien qu'il veut, Fléchier, Lamoignon. Cette idée [de Leibnitz, qu'il n'y a pas deux objets absolument semblables dans la nature] est grande ; il paraît qu'il n'y a qu'un être tout-puissant qui ait pu faire des choses infinies infiniment différentes, Voltaire, Phil. Newt. Expos. des Instit. phys. Notre globe est infiniment moins qu'un grain de sable en comparaison de ces millions de milliards d'univers devant lesquels nous disparaissons, Voltaire, Dial. 15.

    En mathématique, quantité infiniment petite, celle qui est conçue comme moindre qu'aucune quantité assignable.

    Le calcul des infiniment petits, le calcul différentiel.

    Fig. et par moquerie. Les infiniment petits, les humains. Le Sirien [l'habitant de Sirius] reprit les petites mites [les hommes] ; il leur parla encore avec beaucoup de bonté, quoiqu'il fût un peu fâché dans le fond du cœur de voir que les infiniment petits eussent un orgueil presque infiniment grand, Voltaire, Microm. 7.

  • 2Beaucoup, extrêmement. Quand je ne considérerais point mes intérêts, je ne me pourrais empêcher de regretter infiniment une personne de qui vous étiez infiniment aimée, Voiture, Lett. 71. Ce serait le reconnaître [le pape] pour infaillible, blesser infiniment nos libertés, ruiner les appels au concile général, Pascal, Prov. XIX. Il cacha si infiniment son envie…, Sévigné, mercr. des cendres 1680.

REMARQUE

Comment faut-il dire : il a infiniment de l'esprit, ou bien : il a de l'esprit infiniment ; ou bien : il a infiniment d'esprit ? La première manière, recommandée par Domergue, est correcte mais peu usitée. La seconde est correcte aussi, et d'un usage plus fréquent que la première : Elle avait de l'esprit infiniment, Segrais, Princesse de Paphlagonie, t. II, p. 216. La troisième est la plus usitée ; mais elle est peu correcte, puisqu'il faut prendre infiniment pour l'équivalent de beaucoup : M. de Brissac avait infiniment d'esprit, avec une figure de plat apothicaire, grosset, basset, et fort enluminé, Saint-Simon, 64, 56. C'est un abus ; mais l'usage l'a consacré. On trouve les adverbes diablement, extrêmement, furieusement (voy. ces mots) employés de même.

HISTORIQUE

XVIe s. J'ay toujours esté infiniement empesché à pourvoir aux seditions, Condé, Mém. p. 554. Ceux-là qui pensent l'avoir trouvée [la vérité] se trompent infiniment, Montaigne, II, 230.

ÉTYMOLOGIE

Infinie, et le suffixe ment ; provenç. infinitament, enfinidamen ; espagn. et ital. infinitamente.