« infidélité », définition dans le dictionnaire Littré

infidélité

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

infidélité

(in-fi-dé-li-té) s. f.
  • 1Manque de fidélité. L'infidélité d'un ami, d'un dépositaire. Ils violent des droits que tu n'a pas gardés ; Leur trahison est juste, et le ciel l'autorise ; Quitte ta dignité comme tu l'as acquise ; Rends un sang infidèle à l'infidélité [c'est-à-dire à ceux qui te trahissent], Et souffre des ingrats après l'avoir été, Corneille, Cinna, IV, 2. Son trouble avouait-il son infidélité ? Racine, Andr. V, 2. À l'infidélité l'indulgence encourage, Voltaire, Tancr. I, 1.

    Fig. Les infidélités de la fortune, Bossuet, dans le Dict. de POITEVIN.

  • 2Manque d'exactitude, de vérité, en parlant des personnes. L'infidélité d'un historien, d'un traducteur, d'un copiste.

    Même sens, en parlant des choses. L'infidélité d'un récit, d'un compte rendu.

    L'infidélité d'un miroir, se dit d'un miroir qui représente mal les objets.

    L'infidélité de la mémoire, défaut de mémoire.

  • 3Acte d'infidélité. Les gens de bien même tombent dans des infidélités inévitables, Fléchier, Aig. Les infidélités que vous [veuve] avez faites à sa mémoire [d'un époux], Massillon, Carême, Riche.

    Acte par lequel on manque à la foi dans le mariage ou dans l'amour. Je t'ai cherché moi-même au fond de tes provinces ; J'y suis encor, malgré tes infidélités, Racine, Andr. IV, 5. Son caractère [de Mme de Montespan], plus ambitieux que tendre, lui avait fait souvent regarder avec indifférence les infidélités du roi, Mme de Caylus, Souvenirs, p. 40 dans POUGENS. Candide sentit quelques remords d'avoir fait une infidélité à Mlle Cunégonde, Voltaire, Cand. 22.

    Acte par lequel une personne en qui on a confiance, manque à cette confiance par soustraction de deniers, abus de dépôts, etc. Darget ne devrait pas avoir cet ouvrage ; il n'en est possesseur que par une infidélité atroce ; les exemplaires qui courent ne viennent que de lui, Voltaire, Lett. Mme de Fontaine, 18 juin 1755. Un des principaux officiers du Bengale se réfugia chez les Anglais à Calcutta pour se soustraire aux peines que ses infidélités avaient méritées, Raynal, Hist. phil. III, 35.

  • 4Il se dit aussi de simples inexactitudes. Il y a de grandes infidélités dans cette traduction.
  • 5Inexactitude dans l'accomplissement d'un service public. Dans la pensée que ce n'est pas votre faute [si je n'ai pas reçu de lettres de vous], je ne fais simplement que me plaindre de l'infidélité de nos courriers, Sévigné, 19 août 1652.
  • 6État de ceux qui ne sont pas dans la vraie religion. Vous voulez vous guérir de l'infidélité, et vous en demandez les remèdes ? apprenez-les de ceux qui ont été liés comme vous, Pascal, Moyens d'arriver à la foi, I, édit. FAUGÉRE. Tous les passages où l'on a vu que le gouvernement des empires, même idolâtres et où règne l'infidélité, était saint, inviolable, ordonné de Dieu et obligatoire en conscience, Bossuet, Polit. VII, II, 3. Ce principe de répugnance [aux vérités divines] s'appelle dans l'Écriture, infidélité, Bossuet, Sermons, Église, 1. Ces filles de Tyr vivant dans l'infidélité, Massillon, Myst. Misér. Et je reprends ma gloire et ma félicité En dérobant mon sang à l'infidélité, Voltaire, Zaïre, II, 3.

    Terme de théologie. Infidélité positive, celle qui est volontaire. Infidélité négative, celle qui est involontaire ou sans connaissance de cause.

HISTORIQUE

XIIe s. Par lur granz infidelitez E par lur granz iniquitez Si furent il del tout afliz [affligés, renversés], Benoit de Sainte-Maure, I, 2079.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. infidelitat ; espagn. infidelidad ; ital. infidelità ; du lat. infidelitatem, de infidelis, infidèle.