« intrépide », définition dans le dictionnaire Littré

intrépide

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

intrépide

(in-tré-pi-d') adj.
  • 1Qui ne craint point, en parlant des personnes et de ce qui leur est propre. Mais avez-vous pris attache des grammairiens pour passer intrépide en notre langue ?… il est vrai que le bonhomme Malherbe s'est servi avant vous de cettui-cy…, quoi qu'il en soit, intrépide me plaît fort, et, si j'ai du crédit, je l'emploierai volontiers pour faciliter sa réception, Guez de Balzac, Lett. XV, liv. XVI. On dit que le cardinal Mazarin ne craint rien, et qu'il meurt intrépide, comme disent les Italiens, Patin, Lett. t. III, p. 328. Elle, toujours intrépide autant que les vagues étaient émues, rassurait tout le monde par sa fermeté, Bossuet, Reine d'Anglet. Le Tellier s'opposait à ses impatiences [de Mazarin] jusqu'à se rendre suspect, et, sans craindre ni ses envieux ni les défiances d'un ministre également soupçonneux et ennuyé de son état, il allait d'un pas intrépide où la raison d'État le déterminait, Bossuet, le Tellier. Pendant que la magnanime et intrépide régente était obligée à montrer le roi enfant aux provinces pour dissiper les troubles qu'on y excitait de toutes parts, Bossuet, ib. S'il y eut jamais une conjoncture où il fallut montrer de la prévoyance et un courage intrépide…, Bossuet, ib. Nous savons que jamais âme ne fut plus fière ni plus intrépide : on le vit à la bataille de Cerné charger trois fois les ennemis, Fléchier, Duc de Mont. Une mère m'attend, une mère intrépide Qui défendra son sang contre un père homicide, Racine, Iph. IV, 8. L'intrépide Hippolyte Voit voler en éclats tout son char fracassé, Racine, Phèdre, V, 6. Couronnons, proclamons Joas en diligence ; De là, du nouveau prince intrépides soldats, Marchons…, Racine, Ath. IV, 3. Ajoutez vos fureurs à mon zèle intrépide, Voltaire, Fanat. III, 7. Avec un cœur barbare on peut être intrépide, Ducis, Othello, I, 5.

    Intrépide à. Avec une gradation lente et ménagée, on rend l'homme et l'enfant intrépides à tout, Rousseau, Émile, I.

    Substantivement. Il [Pierre l'apôtre] présume, il s'engage, il renie ; une servante fait trembler cet intrépide, qui se vantait de ne rien craindre, Bossuet, Méd. sur l'Év. la Cène, 76e jour.

  • 2Qui ne se laisse pas rebuter. Un solliciteur intrépide.

HISTORIQUE

XVIe s. Il estoit docte, en beaux termes fecond, Noble d'engin, à escrire intrepide, J. Bouchet, dans FABRE, Études sur la bazoche, p. 198.

ÉTYMOLOGIE

Ital. intrepido ; du lat. intrepidus, de in… 1, et trepidus, tremblant, timide (voy. TRÉPIDATION). Ce mot, usité dès le XVIe siècle et oublié, reparut au commencement du XVIIe comme un mot nouveau. Balzac et Gui Patin osent à peine s'en servir.