« irréparable », définition dans le dictionnaire Littré

irréparable

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

irréparable

(i-rré-pa-ra-bl') adj.
  • 1Qui ne peut être réparé. De la main de ton père un coup irréparable Déshonorait du mien la vieillesse honorable, Corneille, Cid, III, 4. Pleurez l'autre, pleurez l'irréparable affront Que sa fuite honteuse imprime à notre front, Corneille, Horace, III, 6. Auprès d'un tel malheur, pour nous irréparable…, Corneille, Sertor. I, 2. Les uns considérant la nature de l'homme comme incorrompue, les autres comme irréparable, Pascal, Pens. XII, 11, édit. HAVET. Dans une perte irréparable, la douleur peut être sans bornes, Fléchier, dans RICHELET. Pour réparer des ans l'irréparable outrage, Racine, Athal. II, 5. Il ne croit pas que, dans un ministère où les fautes sont irréparables, les précautions puissent être excessives, Massillon, Or. fun. Villeroy. L'éternel repentir d'un crime irréparable, Voltaire, Tancr. IV, 7. [Coligny] réparant souvent par son habileté ce qui semblait irréparable ; plus dangereux après une défaite que ses ennemis après une victoire, Voltaire, Henriade, Ess. guerre civ. de France.
  • 2Qu'on ne peut retrouver, en parlant du temps écoulé. Vos vers m'ont fait souvenir de ma jeunesse, et je voudrais bien savoir pourquoi le souvenir d'un bien aussi irréparable ne donne point de tristesse, Sévigné, Lett. à Bussy, 23 juin 1668. Pour consoler les misérables mortels de la perte continuelle qu'ils font de leur être par le vol irréparable du temps, Bossuet, Yolande de Monterby.

REMARQUE

On a dit irréparable en parlant d'une personne : Eh ! ne comptez-vous pas comme un jour déplorable Celui qui vit tomber ce chef irréparable ? Chénier M. J. Tibère, III, 1. Mais cet emploi n'est pas à recommander ; ce n'est pas l'homme qui est irréparable, c'est sa perte.

HISTORIQUE

XVe s. À vostre très grant desplaisir Et à dommaige inreparable, Myst. du siége d'Orléans, p. 778. Trouble ou division en nostre royaume dont maulx et inconvenients irreparables s'en suyvroient, Lett. de Charles VIII, Bulletin du comité de la langue, t. III, p. 585. C'est une errreur irreparable, Nat. à l'alch. errant, 685.

XVIe s. Pardonnant aucune fois des offenses irreparables et irremediables, Amyot, Sylla, 13.

ÉTYMOLOGIE

Provenç et espagn. irreparable ; ital. irreparabile ; du lat. irreparabilis, de in… 1, et reparare, réparer.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

IRRÉPARABLE. Ajoutez :
3Au propre, qui ne peut être réparé, raccommodé. Ce navire, bien que maintenant à flot, est tout rompu et considéré comme irréparable, le Nouvelliste de l'arr. d'Avranches, 5 nov. 1876.

HISTORIQUE

Ajoutez :

XIIIe s. Choses irreparables et dignes de grans pugnicions, Rec. des monum. inédits de l'hist. du tiers état, t. IV, p. 709.

XIVe s. Plusieurs griefs irreparables, Mandements de Charles V, 1365, p. 105. Afin que nostre dit chastel ne tourne en rouine inreparable, ib. p. 193. Douleurs et escandes inreparables, Bibl. des ch. année 1871, p. 392.