« jouet », définition dans le dictionnaire Littré

jouet

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

jouet

(jou-è ; le t ne se lie pas ; au pluriel l's se lie : des jou-è-z élégants ; jouets rime avec traits, succès, paix, etc.) s. m.
  • 1Ce qu'on donne aux enfants pour les amuser, et avec quoi ils jouent. Cet enfant a brisé ses jouets.

    Par extension. Vous jouerez-vous de lui comme d'un oiseau, et le lierez-vous pour servir de jouet à vos servantes ? Sacy, Bible, Job, XL, 24.

    Fig. Pauline [la fille de Mme de Grignan] me paraît digne d'être votre jouet ; sa ressemblance même [avec Mme de Sévigné] ne vous déplaira point, du moins je l'espère, Sévigné, 30 juin 1677. On dit que ce brillant soleil N'est qu'un jouet de ta puissance ; Que sous tes pieds il se balance Comme une lampe de vermeil, Lamartine, Harm. I, 7. Mais le temps ? - Il n'est plus. - Mais la gloire ? eh ! qu'importe Cet écho d'un vain son qu'un siècle à l'autre apporte, Ce nom, brillant jouet de la postérité ? Lamartine, Méd. II, 5.

  • 2 Fig. Personne ou chose dont on se joue, dont on se moque. Les Juifs deviendraient le jouet des faux prophètes, Bossuet, Hist. II, 6. Un âne, le jouet de tous les animaux, Un stupide animal, sujet à mille maux, Dont le nom seul en soi comprend une satire, Boileau, Sat. VIII. Quel jour mêlé d'horreur vient effrayer mon âme ! Tout mon sang de colère et de honte s'enflamme ; J'étais donc le jouet… ciel, daigne m'éclairer ! Un moment sans témoins cherchons à respirer, Racine, Esth. III, 4. Il est le jouet d'une femme sans pudeur, Fénelon, Tél. III. Les rois sont exposés à être le jouet des autres hommes, Fénelon, Tél. XII. Dans un siècle où la religion est devenue le jouet ou de la débauche ou d'une fausse science, dans un siècle où l'impiété est comme la première preuve du bel esprit, Massillon, Or. fun. Conti.
  • 3 Fig. Ce qui est abandonné à l'action impétueuse des éléments. Un vaisseau devenu le jouet des flots. Son vaisseau après avoir été le jouet des vents, Fénelon, Tél. I. Ils furent ce que nous sommes, Poussière, jouet du vent ! Fragiles comme des hommes, Faibles comme le néant ! Lamartine, Harm. II, I.

    Il se dit, dans un sens analogue, de l'action des choses morales. Ma patience sert de jouet à leur injustice ; mais je ne me lasse point de souffrir, Bossuet, Sermons, sur l'Église, I. Notre esprit devenu le jouet de ses raisonnements, Bossuet, Hist. II, 13. Ils deviennent les jouets de la fortune, Fléchier, Aiguillon. Ce n'est plus le jouet d'une flamme servile, Racine, Andr. II, 5. Et les faibles mortels, vains jouets du trépas, Sont tous devant ses yeux [de Dieu] comme s'ils n'étaient pas, Racine, Esth. I, 3. Le courtisan… privé de cette droiture de cœur… qui conserva purs et sans tache les Daniel et les Esther au milieu même d'une cour infidèle, devient bientôt le triste jouet de toutes les cupidités humaines, Massillon, Carême, Vocat. Hélas ! nous sommes toujours les jouets de nos vaines espérances, Massillon, Or. fun. Dauphin.

  • 4 Terme de manége. Petite chaînette suspendue à la brisure du canon qui forme l'embouchure. Mettre un jouet dans la bouche du cheval, pour en solliciter l'action.
  • 5Jouets de pompe, plaques de fer, qui sont clouées aux côtés des fourches de la potence d'une pompe.
  • 6 Terme de marine. Synonyme de jas.

HISTORIQUE

XVIe s. Ô la courageuse faculté que l'esperance… nature nous a là donné un plaisant jouet, Montaigne, I, 347.

ÉTYMOLOGIE

Diminutif de jeu : étymologiquement, petit jeu ; Berry, jouette, s. f.