« limon », définition dans le dictionnaire Littré

limon

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

limon [1]

(li-mon) s. m.
  • 1Dépôt de terre divisée et de débris organiques formé au fond des étangs, des fossés, ou entraîné par les eaux courantes dans les parties déclives des terrains. L'eau de cette rivière est toujours trouble et mauvaise à boire, à cause qu'elle traîne quantité de limon, Vaugelas, Q. C. liv. VII, dans RICHELET. Le Seigneur Dieu forma l'homme du limon de la terre, Sacy, Bible, Gen. II, 7. On a pris le limon pour de l'argile ; cette erreur capitale a donné lieu à de faux jugements et a produit une infinité de méprises particulières, Buffon, Min. t. II, p. 124. Leurs jours [des parias] sont à ses yeux Comme ceux du reptile ou des monstres immondes Que le limon du Gange enfante sous ses ondes, Delavigne, Paria, I, 1.

    Fig. À peine du limon où le vice m'engage, J'arrache un pied timide et sors en m'agitant, Que l'autre m'y reporte et s'embourbe à l'instant, Boileau, Épît. III.

  • 2 Terme de géologie. Roche où dominent à la fois le sable et l'argile.
  • 3 Fig. Extraction, origine, nature, par allusion à la terre dont la Bible dit que l'homme fut formé. Mais ceux que la nature a formés comme nous D'un limon moins grossier que le limon vulgaire, Deshoulières, Épît. à l'abbé de Lavau. On dirait que le ciel est soumis à sa loi, Et que Dieu l'a pétri d'autre limon que moi, Boileau, Sat. V. Si du même limon la nature féconde Sur un modèle égal ayant fait les humains…, Voltaire, Scythes, IV, 1. Nos mères nous ont faits tous du même limon, Lamartine, à Némésis.

SYNONYME

LIMON, FANGE, BOUE. Ces trois termes désignent de la terre détrempée par l'eau. Le limon est cette terre détrempée que les fleuves charrient et qu'ils déposent. La fange est de la terre détrempée par la pluie, par la neige, par une eau qui s'épanche, ainsi que la boue ; elle ne diffère de la boue que par l'emploi qu'on en fait : boue est de tous les styles ; fange est du style élevé.

HISTORIQUE

XIIe s. Sa bouche est pleine de sanc et de limon, Roncisv. p. 100.

XIIIe s. Je sui enfichiez au limon de la mer, Psautier, f° 79. L'endemain à vostre levée, E buche e denz devez laver, E oster le limun des denz, Ms. St Jean.

XVIe s. Après aussi que le lymon tout frais Est eschauffé du soleil et ses rais, Marot, IV, 35.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. limo, limon ; catal. lim ; espagn. et ital. limo ; du lat. limus, grec λειμὼν, lieu humide ; comparez l'anc. scand. lim ; all. Schleim ; ancien haut all. slîm, argile. Corssen pense que les formes commençant en l ont perdu une s initiale. Le provençal et le français supposent une forme allongée limōnus.