« livre.3 », définition dans le dictionnaire Littré

livre

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

livre [3]

(li-vr') s. f.
  • 1Anciennement, monnaie de compte qui valait un poids d'argent d'une livre, et qui fut progressivement réduite dans le cours du temps. Charlemagne ayant ordonné que le sou d'argent serait précisément la vingtième partie de douze onces, on s'accoutuma à regarder, dans les comptes numéraires, vingt sous comme une livre, Voltaire, Mœurs, 19. Le legs que fit Louis VIII de trente mille livres une fois payées à son épouse la célèbre Blanche de Castille, revenait à cinq cent quarante mille livres d'aujourd'hui, Voltaire, ib. 51. La livre d'argent, qui, sous Charlemagne, était du poids de 367 grammes et valait plus de 78 francs, pesait moins de 5 grammes et valait moins d'un franc à l'époque de l'établissement du système métrique, Saigey, Métrologie, p. 119, éd. de 1834.
  • 2Monnaie de compte qui se divisait en sous et deniers, et qui représentait un poids d'argent de moins de 5 grammes et une valeur moindre que le franc du système métrique. La livre tournois était de vingt sous, la livre parisis de vingt-cinq sous. Compter par livres, sous et deniers.

    En calculant, on pouvait employer livre dans tous les cas, et dire : une livre, deux livres, trois livres, quatre livres, cinq livres, six livres, cinq cents livres, etc. ; mais, dans le langage ordinaire, on disait plutôt : vingt sous, quarante sous, un écu, quatre francs, cent sous, six francs, cinq cents francs, etc. Plus une potion cordiale et préservative, composée avec douze grains de bézoard, sirop de limon et grenades, et autres, suivant l'ordonnance, cinq livres, Molière, Mal. im. I, 1. Prends-moi le bon parti, laisse-là tous les livres ; Cent francs au denier cinq, combien font-ils ? vingt livres ; C'est bien dit, va, tu sais tout ce qu'il faut savoir, Boileau, Sat. VIII. Chrysippe, homme nouveau et le premier noble de sa race, aspirait, il y a trente années, à se voir un jour deux mille livres de rente pour tout bien, La Bruyère, VI.

    Mais, lorsque la somme ne faisait pas un compte rond, on préférait le mot livre : trois livres cinq sous, cinq cent trente-deux livres, etc. Vingt pistoles rapportent par année dix-huit livres six sous huit deniers, à ne les placer qu'au denier douze, Molière, l'Avare, I, 5. Ces trois articles font quatre cent soixante louis qui valent cinq mille soixante livres, Molière, Bourg. gent. III, 4.

    Fig. Faire de cent sous quatre livres et de quatre livres rien, dissiper son bien en mauvais marchés, en folles dépenses.

  • 3Il se dit aujourd'hui pour franc, quand on parle d'un revenu annuel. Avoir dix mille livres de rente.
  • 4Au sou, au marc, la livre (c'est-à-dire un sou, un marc pour une livre), en proportion de ce que chacun a mis de fonds dans une entreprise, ou de ce qui lui est dû dans une affaire commune. Venir, partager, payer au marc la livre.
  • 5Livre sterling, voy. STERLING.
  • 6Livre de terre, portion de terrain qui rapportait une livre de rente.

HISTORIQUE

XIe s. Mielz [mieux] en valt [vaut] l'orl [ourlet] que ne font cinq cenz livres, Ch. de Rol. XXXVIII.

XIIe s. Car teiz [tel] a un denier en sa borce qui n'i a pas cinq livres, Rutebeuf, I, 257. Li mueble et li heritage au deteur doivent estre pris et vendus et paiés as creanciers à la livre, selonc ce que le dette est grans, Beaumanoir, XXXIV, 50. Cinq cens livres par an à chascun [il] donra, Berte, CXXXI.

ÉTYMOLOGIE

Livre 2, parce que la livre monnaie fut, dans l'origine, aussi pesante que la livre poids.