« maint », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
maint, mainte
- collectif signifiant plusieurs.
Maint voisin charitable entretient ses ennuis
, La Fontaine, Filles de Min.Moyennant quoi, votre salaire Sera force reliefs de toutes les façons, Os de poulets, os de pigeons, Sans parler de mainte caresse
, La Fontaine, Fabl. I, 5.Aussitôt maint esprit fécond en rêveries…
, Boileau, Sat. V.[Un incendie] Où maint Grec affamé, maint avide Argien Au travers des charbons va piller le Troyen
, Boileau, ib. VI.On trouve mainte épine où l'on cherchait des roses
, Regnard, Distr. IV, 3.Il s'emploie de la même façon au pluriel.
J'ai vu maintes beautés à la cour adorées, Qui, des vœux des amants à l'envi désirées, Aux plus audacieux ôtaient la liberté
, Malherbe, VI, 25.J'ai maints chapitres vus Qui pour néant se sont ainsi tenus
, La Fontaine, Fabl. II, 2.Mainte fois ou maintes fois, souvent.
Ayant dit mainte fois, nous valons mieux que nos pères, il m'a fallu dire les mœurs du temps passé
, Courier, Procès de P. L. Cour. Discours.Souvent il se répète.
Princes et rois et la tourbe menue Jetaient maint pleur, poussaient maint et maint cri
, La Fontaine, Belph.Avec quelques vertus j'eus maint et maint défaut
, Chaulieu, Ép. à Lafare.
REMARQUE
Du temps de Vaugelas et de Ménage, maint était tombé en discrédit ; et la Bruyère, ch. 14, le défendant, remarque que c'est un de ces mots qu'on ne devrait jamais abandonner à cause de la facilité qu'il y a à le couler dans la phrase. Aujourd'hui il a repris une juste faveur.
HISTORIQUE
XIIe s. Là sus au ciel meinte estoile flambie
, Ronc. 147. De maintes parz [ils] font les grailes soner
, ib. 178. Par maintes fois m'esmaie Amours et fait pensant
, Couci, VIII. [Au temps] Que bois et prés sont de mainte semblance
, ib. XVI.
XIIIe s. Par cui maint Sarrazin furent mort et destruit
, Berte, XXXVI. Maintes gens dient que en songes N'a se fables non et mençonges
, la Rose, 1.
XVe s. Ainsi en prend à maintz et maintes
, Villon, Regrets de la belle heaulmière.
XVIe s. Bref, en mon temps j'ai leu des livres maints
, Montaigne, I, 371. Et en y a maint un qui…
, Montaigne, I, 49.
ÉTYMOLOGIE
Wall. muaint ; bourguign. moint ; provenç. mant ; ital. manto ; du celtique : kimry, maint, multitude ; ou de l'anc. haut allem. manag : allemand moderne, manch, maint ; angl. many. Les étymologistes hésitent entre ces deux dérivations.