« maintien », définition dans le dictionnaire Littré

maintien

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

maintien

(min-tiin) s. m.
  • 1Action de maintenir. Le maintien de l'ordre, de la discipline, de l'autorité.
  • 2Manière de tenir le corps et le visage. Ce geste encor, seigneur, ce maintien interdit, Rotrou, Vencesl. IV, 6. La dame était de gracieux maintien, La Fontaine, Coc. Certain fat qu'à sa mine discrète Et son maintien jaloux j'ai reconnu poëte, Boileau, Sat. III. J'ai longtemps, immobile, observé leur maintien, Racine, Bajaz. III, 2. Ah ! le voici ; grands dieux ! à ce noble maintien Quel œil ne serait pas trompé comme le mien ? Racine, Phèdre, IV, 2. Le saint abbé conservant un maintien tranquille et calme, Massillon, Panég. St Bern. Audacieux, fier, intrépide, je portais partout une assurance d'autant plus ferme qu'elle était simple et résidait dans mon âme plus que dans mon maintien, Rousseau, Confess. IX. On se souvient encore que Thémistocle, Aristide et Périclès, presque immobiles sur la tribune et les mains dans leurs manteaux, imposaient autant par la gravité de leur maintien que par la force de leur éloquence, Barthélemy, Anach. ch. 141.

    N'avoir pas de maintien, avoir l'air gauche et embarrassé.

    Perdre son maintien, ne savoir quelle figure faire, être déconcerté. Il se trouve là comme dans un pays lointain dont il ne connaît ni la langue ni les mœurs ; il y perd son maintien, ne trouve pas où placer un seul mot, et n'a pas même de quoi écouter, La Bruyère, VII.

    Avoir un maintien, se donner un air, des manières qui fassent qu'on n'est pas déplacé là où l'on se trouve. On se promenait à Paris ; mais, aux Tuileries, au Palais-Royal, aux Champs-Élysées, il fallait avoir un maintien, Genlis, Veillées du château t. II, p. 258, dans POUGENS.

SYNONYME

MAINTIEN, CONTENANCE. Le premier se rapporte à maintenir, et le second à contenir ; c'est de là que dérive la nuance que ces deux mots comportent. Le maintien est l'état habituel ; la contenance est toujours un peu pour la représentation, pour produire quelque effet. On a un maintien noble, réservé, modeste ; on a une contenance fière, haute, intrépide ; le maintien fait qu'on impose, et la contenance montre qu'on ne s'en laisse pas imposer, LAFAYE.

HISTORIQUE

XVe s. Fut ordonné que on mettroit en escrit tous les faits et les œuvres que le roi, qui en prison estoit, avoit faits par mauvais conseil, et tous ses usages et mauvais maintiens et comment il avait gouverné son pays, Froissart, I, I, 26. La grand noblesse de la dame, avec la grand beauté et le gracieux maintien qu'elle avoit, Froissart, I, I, 165. Le gentil port de luy, son seigneurial maintien, l'alleure, le regard et la sage parole…, Bouciq. I, 2. Moy qui suis et ay esté toujours rude et de gros engin en maintien, en faits et en dicts, J. de Saintré, p. 686, dans LACURNE. Il fut si outrageusement courroucé qu'il ne sçavoit nullement tenir maintien, Perceforest, t. I, f° 136.

XVIe s. Tousjours, en quelque part que j'aille, En l'esprit me revient la taille, Le maintien et le poil poly De cet animal tant joly, Sat. Mén. l'âne ligueur.

ÉTYMOLOGIE

Voy. MAINTENIR ; provenç. mantenn, manteing.