« matois », définition dans le dictionnaire Littré

matois

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

matois, oise

(ma-toî, toî-z') adj.
  • 1 Terme familier. Qui a, comme le renard, la ruse et la hardiesse. Souvent le plus matois ne passe que pour dupe, Régnier, Sat. X. Un vieux coq adroit et matois, La Fontaine, Fabl. II, 15.

    Il se dit aussi des choses. Le chat dit au renard : fouille en ton sac, ami ; Cherche en ta cervelle matoise Un stratagème sûr, La Fontaine, Fabl. IX, 14. Une femme grande, âgée, maigre, pâle, vêtue en femme du commun, mais proprement pourtant, qui avait un air posé et matois, Marivaux, Pays. parv. part. 5. Jamais physionomie n'exprime mieux que la physionomie matoise de Vespasien la nature d'un personnage historique, habile, prosaïque, ironique, qui savait administrer et mépriser les hommes, Ampère, Hist. rom. à Rome, Introd. p. LI.

  • 2 Substantivement. Un matois, une matoise. Nous sommes une cabale De plus subtils que Dédale, Plus dissimulés et plus fins Que l'énigmatique Sphynx ; Nous avons vu plus qu'Ulyssès, De sirènes et de Circés ; Le Gange au languide pas, L'Ob et le Nil à sept bras, Hâtant leur course animée, Fiers de notre renommée, Rechantent en leur patois Ce que c'est que des matois, La cabale des matois, V. 13, dans FR. MICHEL, Argot. Les bibliophiles connaissent parfaitement le matois ou le marchand meslé propre à tout faire, (Paris, Anthoine du Breuil, 1614, in-8°), FR. MICHEL, Argot. Rosen était un matois rusé qui n'avait garde de se blesser [de s'offenser], Saint-Simon, 25, 32. Il est bien vrai que je me représentai aussi que ce pouvait être une matoise des plus raffinées, Lesage, Gil Blas, III, 5.

HISTORIQUE

XVIe s. On a beau estre agile et subtil de la main comme un basteleur ou un matois à couper une bourse, Brantôme, Cap. franç. t. III, p. 385, dans LACURNE. Le capitaine Lachambe, bon soldat et bon matois, ib. p. 181. Ils furent chargez de gayeté de cœur par treize mattois armez de jacques de mailles, D'Aubigné, Vie, XXX.

ÉTYMOLOGIE

Mate ; wallon mat', rusé. Voy. cependant : Ribler, tromper soir et matois, COQUILLART, Monol. des perruques. Matois paraît ici signifier matin ; et en effet quelques-uns ont prétendu que la mate signifiait ceux qui se levaient de grand matin pour faire leurs mauvais coups. Fr. Michel y voit un dérivé de matto, fou ; mais rien n'appuie cette étymologie. La finale ois, qui indique souvent extraction d'un pays, d'un lieu, favorise la dérivation de la mate, place de Paris.