« matinée », définition dans le dictionnaire Littré

matinée

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matinée

(ma-ti-née) s. f.
  • Tout le temps depuis le point du jour jusqu'à midi. Tout le plaisir des jours est en leurs matinées ; La nuit est déjà proche à qui passe midi, Malherbe, II, 9. Jamais plus belle matinée Ne promit plus belle journée, Scarron, Virg. V. La matinée se passait dans ce cruel exercice [les terreurs avant la communion], Bossuet, Anne de Gonz. Je passais toutes mes soirées chez l'amie que j'avais perdue, et toutes mes matinées avec celle qui me restait encore ; je ne l'ai plus, et il n'y a plus pour moi ni soir ni matin, D'Alembert, Lett. à Condorc. sur Mme Geoffrin, Œuvr. t. XIV, p. 250, dans POUGENS.

    Dormir la grasse matinée, dormir bien avant dans le jour. Ha ! que c'est chose belle et fort bien ordonnée Dormir dedans un lit la grasse matinée, Régnier, Sat. VI. Je ronflerais mon soûl la grasse matinée, Et je m'enivrerais le long de la journée, Regnard, le Joueur, I, 1.

    De nos jours, dans les grandes villes surtout, on étend souvent la matinée jusqu'à l'heure du dîner, c'est-à-dire jusqu'à six ou sept heures du soir.

    Une matinée musicale, réunion où l'on entend de la musique, et qui a lieu de une ou deux heures après midi à quatre ou cinq heures.

    Une matinée d'enfants, petite réunion ou fête d'enfants qui ne commence guère avant midi et qui se prolonge jusqu'à quatre ou cinq heures.

    Une matinée littéraire, réunion où l'on fait des lectures et qui a lieu aux heures notées ci-dessus.

HISTORIQUE

XIIe s. Dès la matinée juske à la vesprée, Job, p. 509. Ne il ne dormi onques mult lunge matinée, Ainz leveit chascun jur tut dreit à l'ainz jornée, Th. mart. 101.

XIIIe s. Elles vont chascun jour au moustier oïr messe, Mais c'est près de midi, pour ce qu'el n'aient presse ; Car el se couchent tart, por ce fault qu'on les laisse Dormir grans matinées por norrir en leur gresse, Nouv. recueil de contes, t. I, p. 188.

XVIe s. Regnard qui dort la matinée n'a pas la langue emplumée, Cotgrave De grasse matinée robe deschirée, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 282.

ÉTYMOLOGIE

Matin ; provenç. matinada ; ital. mattinata. Chevallet pense que grasse matinée a été dit pour grande matinée ; ce qui a été usité en effet ; mais on ne voit guère comment grand se serait changé en gras ; il est plus naturel d'entendre que la grasse matinée est une matinée où l'on s'engraisse.