« mâtin », définition dans le dictionnaire Littré

mâtin

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mâtin

(mâ-tin) s. m.
  • 1Gros chien servant ordinairement à garder une cour, à suivre les chevaux, etc. Mais il fallait livrer bataille, Et le mâtin était de taille à se défendre hardiment, La Fontaine, Fabl. I, 5. Tous les gens querelleurs jusqu'aux simples mâtins, Au dire de chacun, étaient de petits saints, La Fontaine, ib. VII, 1. Le mâtin, le lévrier, le grand danois et le chien d'Irlande ont, outre la ressemblance de la forme et du long museau, le même naturel ; ils aiment à courir, à suivre les chevaux, les équipages ; ils ont peu de nez, et chassent plutôt à vue qu'à l'odorat, Buffon, Quadrup. t. I, p. 356.
  • 2 Terme d'injure populaire. Mâtin, mâtine, celui, celle qu'on assimile à un mâtin, à un chien. Souffrirons-nous, braves gens que nous sommes, Qu'un pirate à nos yeux se gorge de butin, Qu'il traite comme esclave une beauté divine ? Allons tirer notre voisine D'entre les griffes du mâtin, La Fontaine, Fianc. Ah chien ! ah double chien ! mâtine de cervelle, Ta persécution sera-t-elle éternelle ? Molière, l'Ét. V, 1. Ah ! mâtine, Nous vous y surprenons en faute contre nous, Molière, Sganar, 6. Dites que le second [Ésope], bâti tout de travers, Est le plus laid mâtin qu'ait produit l'univers, Boursault, Fabl. d'Ésope, I, 4. Il n'y a jamais eu de sultane si orgueilleuse que le plus vilain mâtin ne l'est de la blancheur olivâtre de son teint, lorsqu'il est dans une ville du Mexique, Montesquieu, Lett. pers. 78.
  • 3Mâtin se dit aussi des chiens de race hybride.

HISTORIQUE

XIIIe s. Grant route de chiens uns et autres, Mastins et gousses et grans viautres, Du Cange, mastinus. Girons-nous donc as chans ainsi comme mastins ? H. de Valenciennes, XVIII. Costant apele son mastin, Que l'en apeloit mal voisin, Ren. 1663. Cils qui avoit le cuer orgueilleus et mastin, Jeu de dez, Jubinal, t. II, p. 230.

XIVe s. À mort me mettera li chiens mastin tirans, Guesclin. 16634.

XVe s. Estoient là destranchés nos feaulx chrestiens à tous grands gisarmes par ces mastins Sarrasins, en la presence du comte de Nevers, à ses yeux voyans, Bouciq. I, 25.

XVIe s. De me mesler avec la concubine à mon vieil pere, à fin que la mastine En eust après en haine le vieillard ; Ce que je creus, et feus lasche paillard, Amyot, Comm. lire les poëtes, 31.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. masti, mausti ; catal. mastí ; espagn. mastin ; portug. mastim ; ital. mastino ; angl. mastiff. Il y a en italien masnada, qui signifie logis ; Diez suppose un dérivé masnadino, d'où, par contraction, mastino ; de sorte que le mastino signifierait celui qui est de la maison, et, en particulier, le chien de garde. Cette étymologie est possible ; cependant il faut admettre alors que c'est l'italien qui a fourni ce mot aux autres langues romanes ; ce qui n'est pas prouvé. Puis il faudrait quelque trace du mot avant la contraction.