« maturité », définition dans le dictionnaire Littré

maturité

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

maturité

(ma-tu-ri-té) s. f.
  • 1État des fruits ou des graines qui sont parvenus au développement qu'ils doivent acquérir sur la plante mère. La maturité des blés, des poires, du raisin.

    Époque à laquelle les fruits deviennent mûrs.

    Terme d'eaux et forêts. État des bois qui ont atteint leur limite d'accroissement et qui sont bons à couper. On admet que c'est vers quatre-vingt-dix ans que le tek et autres essences précieuses [de l'Inde] ont atteint la maturité, et peuvent être livrés à l'exploitation, Clavé, Revue des Deux-Mondes, 15 avril 1867, p. 862.

  • 2 Terme de brasseur. On dit que le levain est en maturité, lorsque la mousse de la fermentation commence à s'affaisser.
  • 3 Terme de médecine. État d'un abcès dans lequel le pus est complétement formé. Cet abcès n'est pas à sa maturité.
  • 4 Fig. État d'une chose qui approche du point où elle a toutes ses qualités. La maturité d'une découverte. Vous verrez le progrès d'une opinion nouvelle depuis sa naissance jusqu'à sa maturité, Pascal, Prov. VI. Ce sont de beaux germes qui ne viennent point à maturité dans un mauvais terrain, Voltaire, Dial. 13. Il [l'écrivain] s'apercevra aisément de l'instant où il doit prendre la plume, il sentira le point de maturité de la production de l'esprit, il sera pressé de la faire éclore, Buffon, Disc. de réception.

    Cette affaire est en sa maturité, elle est en état d'être achevée.

    Il se dit en un sens analogue des personnes mûres, prêtes pour quelque charge. On se faisait une espèce de religion d'apprendre ses premiers devoirs, avant que de passer à d'autres ; il y avait une proportion et comme un point de maturité que chacun cherchait en lui-même, avant que d'entrer aux administrations publiques, Fléchier, le Tellier. Ceux qui n'ont encore personne en maturité pour songer au cardinalat n'en veulent pas devenir obstacles, Saint-Simon, 79, 24.

  • 5 Fig. L'état de consistance ou de force où sont communément les hommes à un certain âge. La sagesse n'attendit pas en elle la maturité de l'âge, Fléchier, Aiguill.

    Il se dit, en un sens analogue, des animaux. Il n'est pas aisé de distinguer les jeunes mâles des vieilles femelles ; car c'est dans toutes les espèces [d'oiseaux] que la maturité des femelles ressemble à l'enfance des mâles, Buffon, Ois. t. III, p. 267.

    En un sens qui n'est plus un éloge, maturité se dit poliment d'une femme qui a passé l'âge de la jeunesse.

  • 6 Fig. État où le sens et la réflexion ont toute leur vigueur. Ils sont tous dans cet âge où la maturité Fait tomber le bandeau de la crédulité, Voltaire, Mahom. II, 6. Et mon nom, ma grandeur et mon autorité N'ont point encor l'éclat et la maturité, Le poids qu'exigerait une telle entreprise, Voltaire, Catilina, I, 3. L'Angleterre vient de remplir une grande lacune de sa constitution avec toute la vigueur de la plus énergique jeunesse et l'imposante maturité d'un peuple vieilli dans les affaires publiques, Mirabeau, Collection, t. I, p. 339.

    Maturité d'esprit, l'état d'un esprit mûr et solide.

    On dit de même maturité de jugement, de réflexion, de sagesse. Pourquoi le perdons-nous au milieu de ses plus grands exploits, au plus haut point de sa valeur, dans la maturité de sa sagesse ? Fléchier, Turenne.

    Avec maturité, avec circonspection, jugement et avec le temps nécessaire.

  • 7En parlant du style, justesse d'expression, solidité de raisonnement. Son style acquerra de la maturité.

HISTORIQUE

XIIe s. Je devanci [j'avançai] en maürted, Liber psalm. p. 195. Il est si de els cume del foin del champ e cume dez herbes ki sur maisuns creissent, ki flaistrissent devant ço que vingent [elles viennent] à maürted, Rois, p. 414.

XIIIe s. Mes moult est grant vertu et très haute noblesce, Quant cuer [cœur] en jone aage à meürté s'adresce, J. de Meung, Test. 12.

XVIe s. Raisins peu sujets à la pourriture, par leur prompte meurté… telle assiette avançant la maturité des raisins tardifs, De Serres, 149. Le pere les a bien mal nourris [ses enfants], s'il ne peult esperer qu'en leur maturité ils auront plus de sagesse…, Montaigne, II, 84.

ÉTYMOLOGIE

Prov. maturitat ; ital. maturità ; du lat. maturitatem, de maturus, mûr (voy. MÛR). Le t étant tombé, ainsi que l'i bref, maturitatem avait donné régulièrement meūrté ; maturité a été refait. Dans les villages aux environs de Paris, on entend souvent dire mureté.