« momie », définition dans le dictionnaire Littré

momie

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

momie

(mo-mie) s. f.
  • 1Corps embaumé par les anciens Égyptiens, et qu'on retrouve dans les sépultures d'Égypte. Ce peuple aussi triste que vain fut inventeur de l'art lugubre des momies par lequel il voulait, pour ainsi dire, éterniser la mort, malgré la nature bienfaisante, qui travaille sans cesse à en effacer les images, Buffon, Ois. t. XV, p. 7.

    Familièrement. Cet Ali d'Égypte ne remue pas plus qu'une momie, Voltaire, Lett. à Cath. 54.

    Fig. Qu'il [l'étranger] éveille en passant cette cité momie, Pompéi, corps gisant d'une ville endormie, Hugo, Orient. 40.

  • 2Il se dit aussi des corps embaumés par les anciens peuples des îles Canaries. Les Guanches ont un secret pour les embaumer [les morts] comme les Égyptiens, avec cette différence que ceux-ci enveloppaient leurs momies de bandelettes… tandis que les Guanches les ont laissées nues en les cousant dans des peaux, Bailly, Lett. sur l'Atlantide, p. 96, dans POUGENS.
  • 3 Par extension, nom donné aux corps des voyageurs engloutis sous les sables du désert, et que l'on retrouve ensuite desséchés par l'ardeur du soleil. Lémery donnait à ces momies la qualification de blanches, parce que, dans le sable, elles ont conservé leur couleur, et il les distinguait ainsi des autres, qui, par l'effet des drogues de leur embaumement, sont devenues noires, Legrand D'Aussy, Instit. Mém. sc. mor. et pol. t. II, p. 514.
  • 4Cadavre desséché et embaumé. Les momies de M. Ruysch prolongeaient en quelque sorte la vie, au lieu que celles de l'ancienne Égypte ne prolongeaient que la mort, Fontenelle, Ruysch.
  • 5 Fig. et familièrement. C'est une momie, une vraie momie, se dit d'une personne sèche et noire. J'ai reçu vos deux lettres en revenant de la Franconie à la suite d'un roi qui est la terreur des postillons comme de l'Autriche, et qui fait tout en poste ; il traîne ma momie après lui, Voltaire, Lett. Thiriot, 8 oct. 1743.

    Il se dit aussi d'une personne nonchalante et bonne à rien, d'un vieillard impotent ou qu'on regarde comme tel. Cette momie estropiée [le parlement croupion appelé après Richard Cromwell], arrachée de son tombeau, crut un moment qu'elle était puissante, parce qu'elle se souvenait d'avoir fait juger un roi, Chateaubriand, Richard Cromwell.

    On a dit populairement momie pour désigner les personnes à opinions surannées.

  • 6Couleur brune tirée des bitumes dont les momies ont été enduites.

    Baume momie, nom donné au malthe. Il me paraît plus que vraisemblable que ces propriétés spécifiques attribuées par les Persans à leur baume momie, sont communes à tous les bitumes de même consistance, et particulièrement à celui que nous appelons poix de montagne, Buffon, Min. t. III, p. 29.

  • 7 Terme de médecine superstitieuse. Nom donné à des esprits qu'on supposait dans les cadavres, et auxquels on attribuait des vertus pour la guérison de diverses maladies.

    On dit aussi mumie en ce sens.

    Terme d'alchimie. Certain amalgame de plomb et de mercure.

  • 8Second état des insectes, quand ils sont tout à fait inactifs (Lamarck).

HISTORIQUE

XVIe s. La mumie a pris son nom et origine des anciens Juifs, Arabes et Chaldeens, et principalement des Égyptiens, mesmes longtemps auparavant Moyse, et depuis eux les Grecs et les Romains : tous lesquels ont eu en si grand honneur, reverence et recommandation les corps des trespassés, pour l'esperance de la resurrection, qu'ils ont fort recherché les moyens non seulement de les ensevelir, mais aussi de les conserver à jamais, Paré, Mumie, I. On dit que la mumie dont on a usé jusques aujourd'hui est venue de là [les tombeaux des Égyptiens]… Autres disent que mumie n'est autre chose qu'une simple chair humaine, prise des corps morts trouvés dans les sables et arenes qui sont ès deserts d'Arabie… Autres tiennent que la mumie se fait et façonne en nostre France, et que l'on desrobe de nuict les corps aux gibets, puis on les cure ostant le cerveau et les entrailles, et les fait on seicher au four, puis on les trempe en poix noire…, Paré, ib. VI. Les pescheurs usent d'appats puants pour allicher les poissons ; à ceste cause ils usent de mumie, parce qu'elle est fort puante… à ceste cause, je proteste de jamais n'en ordonner ny permettre à aucun en prendre, s'il m'est possible, Paré, ib. VIII.

ÉTYMOLOGIE

Persan et arabe, mumia, du persan moum, cire ou substance balsamique.