« momerie », définition dans le dictionnaire Littré

momerie

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

momerie

(mo-me-rie) s. f.
  • 1Mascarade. Soit que ce fût un triomphe véritable que Bacchus institua le premier, ou que ce ne fût qu'un jeu d'ivrognes et une pure momerie, Vaugelas, Q. C. 541.

    Vieux en ce sens.

  • 2Chose concertée pour faire rire quelqu'un. C'est une plaisante momerie. Si j'omettais les représentations et momeries qui eurent lieu pendant le dîner entre les services, Marchangy, Tristan le voyageur, LXXIX.

    Vieux en ce sens.

  • 3Chose concertée pour tromper quelqu'un, mais avec teinte de ridicule. Je ne vois point de plus plaisante momerie, je ne vois rien de plus ridicule, qu'un homme qui se veut mêler d'en guérir un autre, Molière, Mal. imag. III, 3. L'auteur qui a composé l'histoire de la diablerie de Loudun, favorise une partie des conjectures que je viens d'alléguer ; il expose les intrigues particulières qui firent éclore cette étrange momerie, Bayle, Analyse, t. II, p. 277.
  • 4Cérémonie bizarre, ridicule. Il [Henri III] était persuadé, aussi bien que certains théologiens de son temps, que ces momeries expiaient les péchés d'habitude, Voltaire, Henr. I (notes). Les catholiques ridiculisaient l'austérité affectée des protestants ; les protestants répliquaient en produisant en scène ce qu'ils appelaient les momeries des catholiques, La Harpe, Cours de litt. t. VII, p. 43, dans POUGENS.
  • 5 Fig. Affectation ridicule d'un sentiment qu'on n'a pas. On ne pouvait être trop en garde contre les artifices de la cour de Vienne, dont toute la conduite était un tissu de momeries, Saint-Simon, 504, 122. Si Mazarin en avait usé ainsi [prié pour la prise des princes], c'eût été une momerie atroce, Voltaire, Louis XIV, 4. Ce méprisable sénat qu'on amusait par des momeries auxquelles il répondait par d'autres momeries, Diderot, Claude et Nér. I, 79.

HISTORIQUE

XVe s. En acquictant nostre temps vers jeunesse, Le nouvel an et la saison jolie, Venus sommes en ceste momerie, Orléans, Ball. 120. Plusieurs assemblées, festois, banquetz, danses, mommeries et esbatemens, furent faits pour festoyer le roy des Romains, De la Marche, Mém. liv. I, p. 171, dans LACURNE. Icellui Darleux commença à dire au suppliant qu'il falloit jouer à la mommerie aux dez, Du Cange, momerium.

XVIe s. Il defendit toutes assemblées de festins, mommeries et toutes autres telles joyeusetez, qui lors estoient hors de saison, Amyot, Pyrrh. 33. Il s'enquesta à quelquung de la bande, que queroyt ceste mommerye, Rabelais, Garg. I, 18.

ÉTYMOLOGIE

Espagn. momeria ; angl. mummery ; allem. Mummerey. Du Cange le tire de l'ancien français mahomerie, qui signifiait mosquée, pratique musulmane, et, par suite, pour des chrétiens, chose ridicule. Diez le tire du germanique : allem. mummen, masquer ; angl. to mum. L'ancien français avait mome, sorte de divertissement, et momer. Le latin, de son côté, avait momerium, action de tourner en ridicule. Momerium vient certainement de momus, en grec μῶμος. Mais l'ancien français mome, momer, joint à l'anglais to mumm, mummery, indique plutôt l'origine germanique.