« moralité », définition dans le dictionnaire Littré

moralité

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moralité

(mo-ra-li-té) s. f.
  • 1Réflexion morale. Nous sommes tous d'Athène en ce point ; et moi-même, Au moment que je fais cette moralité…, La Fontaine, Fabl. VIII, 4. … Si vous n'aviez lu que ces moralités, Vous sauriez un peu mieux faire mes volontés, Molière, Sgan. 1. Votre Provence vous dira toujours des merveilles ; le beau temps ne vous est de rien ; vous y êtes trop accoutumée ; pour nous, nous voyons si peu le soleil, qu'il nous fait une joie particulière ; il y a de belles moralités à dire là-dessus, Sévigné, 10 nov. 1675. J'aime les moralités, elles endorment, Baron, Homme à bonn. fort. I, 10. Massillon montre, dans son petit Carême, des moralités écrites avec une élégance qui ne bannit pas la simplicité, Chateaubriand, Génie, III, IV, 3.

    Moralité chrétienne, réflexions conformes aux principes et à l'esprit de la religion chrétienne.

  • 2Sens moral qui est renfermé sous une fable, un récit. La moralité d'un apologue n'est pas toujours exprimée.
  • 3Ancien poëme dramatique français qui représentait une action sérieuse ou morale, à l'aide de personnages allégoriques. Le soir, le cardinal de Bourbon leur donna une fête magnifique, suivie d'une comédie de ce temps [sous Louis XI], c'est-à-dire une moralité ou sotie, Duclos, Œuv. t. III, p. 32.
  • 4Discernement moral. Les actions des fous sont dénuées de moralité.

    Rapport des actions humaines avec les principes qui en sont la règle. La moralité des actions humaines suppose la liberté de l'être humain.

  • 5Qualité de ce qui est moral. Tous les rites chrétiens sont de la plus haute moralité, Chateaubriand, Génie, I, 1, 7.

    En parlant des personnes, caractère moral. Prendre des renseignements sur la moralité de quelqu'un. Des certificats de moralité.

HISTORIQUE

XIIIe s. Si comme la cire reçoit la figure dou seel, tout autressi la moralité des homes est formée par exemples, Latini, Trés. p. 466. Deux manieres sont de vertuz : l'une est de l'entendement de l'home, ce est sapience, science et sens ; l'autre est moralité, ce est chasteé et largesce, et autres semblables, Latini, ib. p. 265.

XIVe s. Et de toute ceste doctrine la meilleur, la plus digne et la plus proffitable, c'est la science de moralité contenue par especial en ung livre, Oresme, Eth. prol.

XVe s. Une moult belle moralité, sotie et farce, Chron. scand, de Louis XI, p. 336, dans LACURNE.

XVIe s. Nos moralitez tiennent lieu de tragedies et comedies indifferemment, Sibilet, Art poétique, livre II, p. 124, dans LACURNE. Formellement la moralité bonne ou mauvaise, vertu et vice (qui ne peust estre sans le franc arbitre et est matiere de merite et demerite) ne peut estre en la beste, Charron, Sagesse, I, 35.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. moralitat ; esp. moralidad ; ital. moralità ; du lat. moralitatem, de moralis, moral.