« moral », définition dans le dictionnaire Littré

moral

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

moral, ale

(mo-ral, ra-l') adj.
  • 1Qui concerne les mœurs. Préceptes moraux. Réflexions morales. Les œuvres morales de Plutarque. Sens, instinct moral.

    Contes moraux, contes où l'auteur a l'intention de faire ressortir une leçon de morale. Tu fais grand cas des contes moraux… Oui assurément ; cependant ils ne me paraissent pas tous moraux, à beaucoup près, Genlis, Veillées du château t. III, p. 37, dans POUGENS.

    Vertus morales, celles qui ont pour principes les seules lumières de la raison. Un homme doux qui a su tempérer l'austérité des lois et de la justice… ; un chrétien qui a consacré ses vertus morales et politiques par une piété simple et sincère, Fléchier, Lamoignon.

    Théologie morale, partie de la théologie qui traite des cas et de tout ce qui appartient à la conscience.

    Folie morale, voy. FOLIE.

  • 2Qui est conforme aux bonnes mœurs. Ce livre, ce discours est fort moral. Il n'y a rien de si facile que de se donner l'air très moral, en condamnant tout ce qui tient à une âme élevée ; le devoir… peut être dénaturé, Staël, Corinne, XIV, 1.
  • 3En parlant des personnes, qui a des mœurs, une conduite conformes à la morale. Un homme moral. Un écrivain moral.

    Substantivement. Horace, tantôt le débauché, tantôt le moral, a dit…, Voltaire, Dict. phil. Tonnerre.

  • 4Qui, dans l'être humain, est du ressort de l'âme, par opposition à ce qui est du ressort du physique. Les facultés morales. Le mal moral. Le monde moral. Sciences morales. Ce mot s'emploie au sens moral dans beaucoup d'acceptions. Pour connaître l'homme qu'on appelle moral, il faut surtout avoir vécu et réfléchi, Voltaire, Dictionn. phil. Homme. Nos maux moraux sont tous dans l'opinion, hors un seul, qui est le crime, et celui-là dépend de nous ; nos maux physiques se détruisent ou nous détruisent, Rousseau, Ém. II. Les choses qu'on nomme morales ne sauraient être ramenées au calcul, Bonnet, Paling. XI, 8.

    Dans l'interprétation de l'Écriture sainte, on distingue le sens littéral, le sens moral, le sens allégorique, etc.

    Action morale, l'action d'un agent capable de choisir et de refuser librement, au lieu que l'action physique n'est qu'une action aveugle de la nature.

    Terme de philosophie. Certitude morale, certitude fondée sur des témoignages ordinaires, tels que le récit d'autrui, l'expérience et les règles ordinaires de la sagesse. Il est opposé à certitude physique.

    On dit, dans un sens analogue, impossibilité morale. Les marchands faisant leur déclaration d'un grand nombre de vaisseaux de différentes espèces, il se trouvera toujours dans une impossibilité morale de faire une réduction juste, Arrêt du conseil d'État, 25 sept. 1688.

  • 5 S. m. Le moral, l'ensemble de nos facultés morales. Le physique influe sur le moral, et le moral sur le physique. Nous ne sommes donc jamais trop vieux si notre moral n'est pas trop jeune, Buffon, Probabilités de vie. Si le physique va trop bien, le moral se corrompt, Rousseau, Ém. II.
  • 6Fermeté à supporter les périls, les fatigues, les difficultés. Son moral s'est relevé. Remonter le moral d'une armée.
  • 7Ce qu'il y a de moral en quelque chose. Qu'est-ce en effet que le moral de l'amour ? la vanité, Buffon, Disc. nat. anim. Œuvres, t. V, p. 353.

HISTORIQUE

XIVe s. Nous disons que des vertuz les unes sont intellectuelles, les autres sont morales, Oresme, Éth. 22. En françois, ces mos meur et moral ne sont pas en usage commun, Oresme, ib. 33.

XVe s. De philosophie morele, Et celle qui est naturele, Deschamps, Poésies mss. f° 419.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et esp. moral ; ital. morale ; du lat. moralis, qui vient de mos, moris (voy. MŒURS).