« mutiner », définition dans le dictionnaire Littré

mutiner

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

mutiner

(mu-ti-né) v. a.
  • 1Jeter dans la révolte, soulever, irriter. Je ne vous dirai point qu'il commande au tonnerre, Qu'il fait enfler les mers, qu'il fait trembler la terre, Que de l'air qu'il mutine en mille tourbillons, Contre ses ennemis il fait des bataillons, Corneille, Illus. comique, I, 1. Un peu de jalousie et de confusion Mutinait mes désirs et me soulevait l'âme, Corneille, Agés. II, 7. Bénissez-le, foudres, orages, Frimas, neiges, glaçons, grêles, vents indomptés, Qui ne mutinez l'air et n'ouvrez les nuages Que pour faire ses volontés, Corneille, Trad. du ps. CXLVIII. Vous ne feriez que mutiner son amour-propre, Rousseau, Ém. IV.
  • 2Se mutiner, v. réfl. Faire le mutin, se porter à la révolte. Mais d'ailleurs les deux camps se mutinent, Corneille, Hor. III, 2. Quel était donc ce gouvernement si sage et si vanté de Philippe II, lorsqu'on voit dans ce temps-là même ses troupes se mutiner en Flandre, faute de payement, et saccager la ville d'Anvers ? Voltaire, Mœurs, 164.

    Avec ellipse du pronom se. Acaste nouveau roi fait mutiner la ville, Corneille, Médée, I, 1.

  • 3Se dépiter, s'irriter. J'avais commencé à me mutiner de ce que vous ne m'aviez point fait de réponse, Voiture, Œuv. t. II, p. 51, dans POUGENS. Cinna seul dans sa rage s'obstine, Et contre vos bontés d'autant plus se mutine, Corneille, Cinna, IV, 1. Je l'ai fait votre égal ; et, quoiqu'on s'en mutine, Sachez qu'à plus encor ma faveur le destine, Corneille, D. Sanche, I, 3. On ne se mutine guère contre la nécessité, Rousseau, Ém. II. Je m'en affligeais et je ne m'en mutinais pas, Rousseau, Conf. I.

REMARQUE

Voltaire dit : " On ne se mutine point de ; mutiner est un verbe qui n'a point de régime, Comm. Corn. Rem. Rodogune, IV, 1. " Cette observation ne se fonde ni sur la grammaire qui ne repousse pas se mutiner de, ni sur l'usage ; car les exemples ci-dessus le montrent employé par plusieurs auteurs.

HISTORIQUE

XVIe s. Son cœur enflé de rage au dedans se mutine, Desportes, Angélique, 1. Craignant que les reitres ne se mutinassent par faute de payement, Lanoue, 687. Quant au menu populaire, il le mutinoit aussi, en lui donnant à entendre que ce n'estoit qu'un songe que la liberté qu'on leur avoit promise, Amyot, Thésée, 40. Les Gaulois en furent si mutinez et si courroucez qu'ils ne voulurent plus aucunement dilayer, ains marcherent en toute diligence devers Rome, Amyot, Cam. 29. On traitte des moyens pour mutiner les villes, Pour nourrir les flambeaux de nos guerres civiles, D'Aubigné, Tragiques, Princes.

ÉTYMOLOGIE

Mutin.